Une écotaxe pour les camions

Le projet de loi de taxe kilométrique vient d’être adopté au Sénat. Mais le lobby des transporteurs ne désarme pas.

Nina Bontemps-Terry  • 21 février 2013 abonné·es

Malgré les entraves, le projet d’écotaxe sur les poids lourds avance. Un nouveau dispositif du projet de loi a été adopté par le Sénat le 12 février. Dès le 20 juillet prochain, les véhicules de plus de 3,5 tonnes payeront une taxe à hauteur de 8 à 14 centimes par kilomètre parcouru, sur un réseau de 10 000 km de routes nationales et 5 000 km de routes départementales et communales. L’écotaxe présente un double intérêt. D’abord, en raison de l’importance de la collecte. Elle pourrait s’élever à 1,2 milliard d’euros, dont plus de la moitié sera versée à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF). Ce qui contribuera en particulier au financement du transport ferroviaire et maritime. Ensuite, parce que cette mesure incitera les entreprises de transport — et surtout leurs commanditaires — à basculer sur des moyens moins polluants et moins émetteurs de CO2 que la route. D’autant que la taxe pourra être répercutée sur les commanditaires, voire, en cascade, sur les consommateurs finaux. Ce qui représenterait pour eux de l’ordre de 3 % d’augmentation du prix des produits.

Premier revers cependant pour Frédéric Cuvillier, ministre délégué chargé des Transports : l’expérimentation de la taxe, prévue dès avril en Alsace, est rejetée. Sous prétexte que sa durée de trois mois, jugée trop courte, ne permettrait pas d’évaluer les incidences de la loi. Or, sans expérimentation, impossible d’évaluer, entre autres, les éventuels reports de trafic sur des routes non-taxées. Ce qui retardera la mise en œuvre d’éventuels ajustements d’itinéraires. Et, surtout, les professionnels du transport routier sont loin de baisser les armes. Après avoir réclamé de nombreuses exonérations ces derniers mois, ils se battent désormais pour retarder le plus possible son application, au moins jusqu’à octobre. Ce qui n’alimente pas l’optimisme des écologistes pour l’avenir de l’écotaxe. Pour Stephen Kerckhove, délégué général d’Agir pour l’environnement, «  les professionnels du secteur vont s’arranger pour rendre le système si complexe qu’il sera inapplicable  ».

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Surpêche : en France, les stocks s’épuisent, la pêche industrielle s’accroche
Infographie 9 juin 2025 abonné·es

Surpêche : en France, les stocks s’épuisent, la pêche industrielle s’accroche

Alors que les ressources marines françaises s’épuisent, la pêche industrielle poursuit son activité à un rythme soutenu. Sous la surface, les fonds marins français sont méthodiquement ravagés par des techniques de pêche industrielles lourdes et peu sélectives.
Par Maxime Sirvins
Les pêcheurs de la baie de Granville en eaux troubles
Reportage 9 juin 2025 abonné·es

Les pêcheurs de la baie de Granville en eaux troubles

Biodiversité, tourisme, pêche, conchyliculture… la zone maritime au large de Granville et de Chausey concentre à elle seule beaucoup des problématiques qui seront à l’ordre du jour de la Conférence des Nations unies  sur l’océan (Unoc) qui s’ouvre à Nice ce 9 juin.
Par Guy Pichard
Océan : les enjeux d’un sommet plus politique qu’écologique
Décryptage 9 juin 2025

Océan : les enjeux d’un sommet plus politique qu’écologique

Du 9 au 13 juin, une soixantaine de chefs d’État se réunissent à Nice pour la troisième conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc) et discuter de la préservation des écosystèmes marins, indispensable à la vie sur Terre. Focus sur 3 enjeux majeurs de ce sommet où diplomatie et politique risquent de surpasser les défis écologiques.
Par Vanina Delmas
Limousin : la ferme-usine de la discorde
Reportage 28 mai 2025 libéré

Limousin : la ferme-usine de la discorde

Malgré la colère de riverains et des associations, un centre d’engraissement de plus de 2 000 bovins verra le jour près de Limoges, porté par un groupe agro-industriel.
Par Vanina Delmas