À flux détendu

Christophe Kantcheff  • 14 mars 2013
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Prenez un étudiant en journalisme et un cas d’école de la presse écrite moderne : l’affaire DSK/Marcela Iacub. L’étudiant dispose d’une pièce à conviction, le Nouvel Observateur du 21 février, avec les deux protagonistes en couverture, un numéro condamné pour « atteinte à la vie privée », et d’un professeur, le directeur du Nouvel Obs, Laurent Joffrin, qui s’explique dans le numéro du 7 mars. L’étudiant apprend ainsi que le Nouvel Obs a commis une « erreur ».

C’est Claude Perdriel, son propriétaire, et Laurent Joffrin qui le reconnaissent. Les arguments de la personne mise en cause (DSK) n’ont pas été « portés à la connaissance des lecteurs ». Mais aussitôt, un bémol : le fait qu’il s’agisse de « bonnes feuilles d’un ouvrage d’autofiction » pouvait porter à confusion. L’étudiant comprend donc ceci : dans ce même numéro, l’interview de Iacub, où, contrairement au livre, DSK est nommément désigné, avait tout de littéraire et de métaphorique et rien de journalistique. Eurêka ! Autre apport pédagogique : le long plaidoyer pro domo du directeur de l’hebdo confirme que la meilleure défense, c’est l’attaque. Une attaque en règle contre un Dominique Strauss-Kahn qui se serait vengé du Nouvel Obs, celui-ci ayant défendu son indépendance quand l’ex-patron du FMI se préparait à la primaire du PS. Libre, mais aussi d’une exigence éthique impeccable, le Nouvel Obs a eu l’audace d’affirmer, explique Joffrin, que « les habitudes sexuelles de DSK, en dehors de tout jugement moral (sic), étaient incompatibles avec un projet présidentiel ». Tant de vertu journalistique n’est donc pas récompensée, se désole l’étudiant. Pis, elle transforme l’Obs en victime expiatoire. Il « paie aussi pour les autres », s’exclame Laurent Joffrin.

L’étudiant est édifié. Il sait désormais quel exemple suivre. Une belle et digne leçon, en vérité.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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