Protéger les espèces sauvages

Une conférence se réunit à Bangkok pour établir des règles sur le commerce des animaux et des plantes menacés d’extinction.

Claude-Marie Vadrot  • 7 mars 2013 abonné·es

La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), ou Convention de Washington, qui s’efforce depuis 1973 de lutter contre le commerce des espèces protégées, se tient jusqu’au 10 mars à Bangkok. La Cites – 177 pays membres – dresse ou révise tous les trois ans la liste des espèces menacées interdites de commercialisation, ou faisant l’objet de quotas d’exportation ou d’importation. Une liste qui référence tant l’ivoire qu’un cactus mexicain, les peaux de tigre, la corne de rhinocéros, le chimpanzé ou encore une orchidée amazonienne. Le trafic international des espèces représente environ 15 milliards d’euros par an, selon le WWF. Une manne qui explique la constitution de réseaux mafieux pour alimenter et organiser ce commerce. Des réseaux qu’Interpol, depuis quelques années, s’efforce de démanteler. D’autant qu’ils sont souvent liés aux trafics de drogue, mais avec moins de risques pour les trafiquants. Et avec une certaine indifférence des polices aux frontières : le 27 février, un voyageur surpris à Roissy avec une soixantaine d’oiseaux interdits de commercialisation est reparti libre, et les oiseaux, abandonnés à l’aéroport, sont morts de faim…

Les pressions qui pèsent sur la réunion de Bangkok sont multiples : d’abord les milieux qui vivent des trafics, ensuite les gouvernements qui ne souhaitent pas priver une partie de leur population d’un revenu, et ceux qui participent, au moins partiellement, à une chasse ou à une cueillette destinées à l’exportation. De plus, les gouvernements s’échangent en coulisses des « indulgences ». Ainsi, les pays asiatiques, principaux pêcheurs de requins, négocient avec les États-Unis, qui demandent une interdiction de chasse des ours blancs, contre l’avis du Canada, de la Norvège, de la Russie et du Danemark. Menacés par le réchauffement climatique et la chasse, ces plantigrades ne sont plus que 20 000 individus, dont plus de la moitié au large du littoral canadien. Une peau d’ours se négocie jusqu’à 6 000 euros, alors que les Inuits sont déjà pénalisés par l’interdiction d’exporter des peaux de jeunes phoques. Les mêmes hypocrisies s’affrontent pour l’ivoire ou la corne de rhinocéros, dont le commerce est également interdit. Enjeu des tractations en cours : la préservation d’une dizaine de milliers d’espèces animales et végétales et la réduction d’un trafic n’existant que parce que subsiste une clientèle.

Écologie
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