Les rois du rock

Un extraordinaire patchwork de souvenirs de la jeunesse à cheveux verts.

Sébastien Fontenelle  • 9 mai 2013 abonné·es

Voilà comment ça se passe : je fais généralement ce billet le dimanche, ou des fois le samedi, ou d’autres fois le lundi matin, et, le lundi soir au plus tard, je l’envoie à Pascale et Marie, et Denis, chez Politis, avec éventuellement un spirituel petit commentaire, du style : trouvez-vous pas que cet Henri Guaino [^2] est pour de bon un étrange personnage ? Sauf que là, non. Vu que samedi prochain, et dimanche, et lundi, je serai en RTT. Donc j’écris ces deux congrus feuillets avec une semaine d’avance, et je voudrais profiter qu’ils sont pour une fois pas rédigés sous l’influence (plus ou moins directe) d’une actualité week-endaire pour te parler de deux de mes camarades qui devraient selon moi devenir aussi les tiens – et tu vas voir que c’est exactement ce qui va se passer, si tu t’appliques un peu.

Le premier s’appelle Thierry Pelletier, alias Cochran – apport à ce portrait d’Eddie C. qui adornait son teddy rouge quand il était petit et psychobilly. Maintenant qu’il a grandi, Cochran est travailleur social – comprendre qu’il fait un de ces rares boulots, tu sais, où le profit continue de passer après l’humanité : dit comme ça, ça fait meeting mélenchonneux à Woodstock, mais compte un peu sur tes doigts, et tu verras que c’est plus du tout si répandu. Mais il est aussi écrivain – avec de l’or au bout des mains. Comme le sait quiconque a lu son premier livre, paru naguère : la Petite Maison dans la zermi  ^3. Et comme tu vas le découvrir en te plongeant fissa dans le recueil de ses nouvelles que viennent de publier les braves gens d’chez Libertalia [^4]. Soit un extraordinaire patchwork de souvenirs de la jeunesse à cheveux verts (ou à pas de cheveux du tout) des années 1980 : celle qui, passée au large des clinquances à deux balles de l’infâme décennie du fric, cultivait dans la rue son « appétence certaine pour le bordel » et pour « le rock’n’roll ». (Et aussi, maintenant que t’en parles, pour « les états de conscience modifiée ». ) C’est un bouquin formidable – alors tu le lis ou je tue le chien.

Puis, tant que tu y es, tu te précipites aussi sur le nouveau clip des Angry Cats ^5 – le groupe de l’ami Fred Alpi, dont il serait pour le moins choquant que tu continues de méconnaître qu’outre qu’il est parmi les plus respectables compositeurs du temps ^6, il excelle de surcroît dans le dynamitage des clichetons du bon vieux rockabilly old school. Sans quoi j’abats aussi le chat : reconnais que ça serait ballot.

[^2]: Nous parlons ici du Guaino qui vient de très sérieusement déclarer (le fait est que le gars rit peu), après avoir très fidèlement servi Kozy pendant cinq ans, qu’il craignait que Françoizollande ne soit « engagé » dans « une entreprise de destruction massive des institutions ». Ne te gausse pas, je te prie : je te rappelle que la compassion est une vertu sociale.

[^3]: http://editionslibertalia.com/La-Petite-Maison-dans-la-zermi.html 

[^4]:Les Rois du rock, 8 euros. http://editionslibertalia.com/Les-Rois-du-rock.html 

[^5]:www.youtube.com/watch?v=Al8v2OCZrBs 

[^6]:www.fredalpi.com 

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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