Justice pour les riches !

M. Arnault et ses pairs se ruinent la santé pour financer ces feignasses de la fonction publique.

Sébastien Fontenelle  • 20 juin 2013 abonné·es

On entend parfois dire que le libéralisme économique produit quelques inégalités, et que ses thuriféraires des médias (et du Parti « socialiste ») s’en émeuvent trop peu. Ce n’est pas complètement faux : il est assez vrai, par exemple, que M. Barbier, Christophe, directeur de l’hebdomadaire l’Express, fait la preuve, lorsqu’il énonce dans une même « démonstration » qu’il faut, d’une part, réduire les charges fiscales qui pèsent sur les nanti(e) s, et, d’autre part, augmenter celles des gueux en leur infligeant une grosse «TVA sociale», que le modèle social consistant à prendre aux pauvres pour donner aux riches n’est pas pour lui déplaire. Mais ce n’est pas non plus complètement exact, puisqu’aussi bien les libéraux sont ces jours-ci unanimes à réclamer l’abrogation de ce qu’ils regardent comme une iniquité particulièrement scandaleuse.

En effet : ils ont détecté que M. Arnault, Bernard, salarié du secteur privé, et M. Dupont, Raymond, fonctionnaire chez l’administration publique, étaient inégaux devant la retraite. Et qu’après une vie de labeur M. Arnault, dont le revenu mensuel est de 375 000 euros, devra cotiser jusqu’à pas d’âge avant de pouvoir enfin profiter d’une pension bien méritée – alors que M. Dupont, fort du somptuaire Smic que lui aura distribué tous les mois l’État français, sera à ce moment-là, fortune faite, touriste aux Maldives, aux frais du contribuable.

Est-ce juste ? Bien sûr que nope – ou alors reconnaissons, sans plus d’hypocrisie, que les souffrances de M. Arnault nous indiffèrent, brutes que nous sommes. C’est pourquoi le Journal du dimanche, propriété de M. Lagardère (dont la rémunération est plus proche de celle de M. Arnault que de celle de M. Dupont), a récemment théorisé qu’il était plus que temps que le gouvernement « ose » enfin couper dans les retraites – et des « socialistes » ont confirmé qu’il n’était pas normal du tout que des instits retraité(e)s se les roulent à Malibu sans avoir jamais cotisé, durant que M. Arnault s’harassait au boulot à la fin d’épargner de quoi mettre, peut-être, un peu de beurre dans ses nouilles après son 87e anniversaire.

Et depuis c’est l’éditocratie tout entière – emmenée notamment par l’éditorialiste anonyme du Monde, dont les harangues témoignent d’un attachement épidermique à la justice sociale – qui psalmodie que la (nécessaire) réforme des retraites doit réduire l’inégalité entre les salarié(e) s où M. Arnault et ses pair(e)s sont contraint(e)s de se ruiner la santé pour financer les sinécures sponsorisées des feignasses de la fonction publique. Et cela est assurément bon. Mais, en même temps, cet enthousiasme reste encore trop timoré, et il y a tout lieu de redouter que la nécessité s’impose dans deux ans, si rien n’est fait pour hausser d’encore un cran cette exigence, d’une nouvelle modernisation des retraites : ne faudrait-il pas plutôt demander dès à présent une réforme véritablement équitable, où M. Dupont serait tenu, dès l’adolescence, de verser toutes les semaines à M. Arnault un écot de solidarité ?

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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