Le PS arrête ses « priorités »

Le projet en vue des européennes n’intègre aucun des amendements présentés par la gauche du parti. Celle-ci l’a néanmoins voté.

Michel Soudais  • 20 juin 2013 abonné·es

Harlem Désir est un garçon poli. Dimanche, en clôture de la convention nationale de son parti, qui venait d’adopter à la quasi-unanimité (187 pour, 4 contre, 2 abstentions) le projet du PS pour les européennes, le Premier secrétaire n’a pas oublié de « saluer l’esprit de responsabilité des camarades de la minorité ». La remarque visait l’aile gauche du PS. Les deux courants qui la composent ont approuvé ce texte commun, intitulé « Notre Europe ». Alors même que leurs amendements n’y ont pas été intégrés, bien qu’ils aient recueilli plus de « pour » que de « contre ».

D’autres, en revanche, parfois moins bien votés mais émanant de responsables de la direction, anciens rocardiens ou strauss-kahniens, ou du courant de Pierre Larrouturou ont été intégrés in extenso, de même qu’un amendement sur l’égalité hommes-femmes. À la demande de Maintenant la gauche, le courant d’Emmanuel Maurel et de Marie-Noëlle Lienemann, il a toutefois été convenu qu’un texte, à destination des partis membres du PSE, liste les « 14 priorités socialistes pour réorienter l’Europe » que le PS souhaite inscrire dans le manifeste que le PSE défendra devant les électeurs l’an prochain. Dans ce fourre-tout, figurent la mise en œuvre d’ « un juste échange dans la mondialisation », la nécessité d’ « augmenter le budget européen par l’affectation de ressources propres, telle la taxation sur les flux financiers », celle d’ « agir en faveur d’une parité plus équilibrée de l’euro », ainsi que le souhait formulé par François Hollande le 16 mai de « créer un gouvernement économique de la zone euro ». On y trouve aussi la demande de « réviser le pacte de stabilité budgétaire pour donner la priorité à la croissance et à l’emploi », qu’Un monde d’avance, le courant de Benoît Hamon, assure avoir obtenue alors qu’elle figurait dans le texte initial quand son amendement réclamait « l’adaptation » dudit pacte et Maintenant la gauche sa « suspension ». Les deux courants, appuyés par une majorité de militants, réclamaient la « suspension » des négociations transatlantiques. Refusé ! Le texte promet toutefois qu’ « en aucune façon les socialistes ne pourront accepter de ratifier un traité qui mettrait en cause les intérêts économiques, stratégiques, et le modèle social de la France et de l’Europe ». C’est « un texte de gauche », a lancé Guillaume Balas, porte-parole d’Un monde d’avance, pour justifier un vote favorable. Plutôt un « texte de compromis », pour Emmanuel Maurel, qui demande que le PS « passe de la parole aux actes ».

Politique
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Réduire les dépenses, c’est renoncer à faire de la politique
Parti Pris 17 juin 2025

Réduire les dépenses, c’est renoncer à faire de la politique

Les politiques s’enchaînent et se ressemblent, focalisées sur la seule question comptable, budgétaire. Avec pour seule équation : réduire les dépenses. Mais faire de la politique, ça n’est pas ça.
Par Pierre Jacquemain
À Nancy, les socialistes règlent encore leurs comptes sur le cas insoumis
Politique 16 juin 2025 abonné·es

À Nancy, les socialistes règlent encore leurs comptes sur le cas insoumis

Réunies pendant trois jours, les trois orientations du parti au poing et à la rose se sont déchirées sur la question de l’alliance avec La France insoumise. Le sujet, latent depuis 2022, n’est toujours pas réglé. Et le congrès de ce parti coupé en deux semble n’avoir servi à rien.
Par Lucas Sarafian
Retraites : avant de censurer, les socialistes à la recherche éternelle de l’équilibre
Politique 13 juin 2025

Retraites : avant de censurer, les socialistes à la recherche éternelle de l’équilibre

Alors que le conclave touche à sa fin, les roses sortent peu à peu d’une logique de non-censure. François Bayrou se retrouve menacé mais les socialistes ne veulent surtout pas être perçus comme les agents du chaos politique.
Par Lucas Sarafian
Congrès PS : après la défaite, les petits espoirs de nuisance des anti-Faure
Politique 6 juin 2025

Congrès PS : après la défaite, les petits espoirs de nuisance des anti-Faure

Le résultat du congrès des socialistes dessine un parti scindé en deux camps. De ce fait, les opposants internes n’envisagent pas de quitter la « vieille maison ». Ils pourraient disposer d’une importante minorité de blocage dans les instances internes.
Par Lucas Sarafian