Les socialistes en pleine morosité

Des parlementaires s’alarment d’une politique de plus en plus critiquée par la base.

Michel Soudais  • 26 septembre 2013 abonné·es

Remonter le moral des troupes. Alors que députés et sénateurs sont de plus en plus nombreux à faire part de leurs doutes face à une politique dont les résultats tardent à se faire sentir, les organisateurs des journées parlementaires du PS, qui se tenaient lundi et mardi à Bordeaux, se sont efforcés de les convaincre que le gouvernement était sur la bonne voie. Avec un seul mot d’ordre : « Oui, ça change ! » Et la ferme volonté de couper court aux critiques qui, depuis quelques semaines, montent sur la fiscalité, le pouvoir d’achat, la réforme des retraites, la loi pénale…

Poursuivant une offensive lancée avant l’été, une cinquantaine de parlementaires membres de différents clubs (Gauche populaire, Gauche durable) et de l’aile gauche du parti préconisent dans une pétition l’instauration d’une CSG progressive. D’autres, et parfois les mêmes, alertent publiquement le gouvernement sur les effets pervers du crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice) accordé sans contrepartie et, surtout, sans aucune justification s’agissant des secteurs non soumis à la concurrence internationale, pointent-ils. D’autres encore s’inquiètent de la possible suppression de la déduction fiscale pour frais de scolarité. Lundi après-midi, les élus pouvaient discuter avec les ministres de ces sujets qui fâchent lors de réunions en commissions à huis clos. Mais tous n’ont pas joué le jeu. Selon plusieurs membres de la commission des Affaires sociales, Michel Sapin a esquivé les interrogations sur le Cice. Et Pierre Moscovici a fait faux bond, ce qui a écourté d’une heure la séance de la commission des Finances. Tant pis pour le débat. Et les inquiétudes des élus.

Mardi matin, à la tribune, Claude Bartolone, le président de l’Assemblée, demandait d’en finir avec ce débat sur la fiscalité « qui pourrait devenir notre boulet si on multiplie les pétitions dans la presse ». Les présidents de groupe ont le rappel à l’ordre plus direct. « Arrêtons de penser qu’il y en a qui pensent plus que d’autres aux plus modestes », s’agace Bruno Le Roux, pour qui la participation à un groupe ne peut se concevoir « à la carte ». « Je ne comprends pas qu’il y ait des états d’âme », abonde François Rebsamen en enjoignant ses camarades de ne pas céder « aux sirènes de la crainte et du défaitisme ». Foin de sirènes, ce sont bien leurs électeurs que rencontrent les élus de base. Des électeurs qui, pour les plus modestes, se plaignent en cette rentrée de payer des impôts quand ils n’en payaient pas. Plus d’un million de contribuables seraient dans ce cas. « Maintenant, c’est le cœur de notre électorat qui se détache », déplore un député héraultais.

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