L’UMP s’éclate

Le parti a fait sa rentrée en ordre dispersé, signe d’une crise de leadership qui ne se résoudra pas sans de rudes affrontements.

Michel Soudais  • 5 septembre 2013 abonné·es

L’UMP compte ses divisions. Au bord de la cessation de paiement, la principale formation de la droite, qui avait déjà renoncé, l’an dernier, à organiser son traditionnel « Campus » de fin d’été, s’est trouvée une fois encore dans l’incapacité d’organiser cet événement. C’est donc séparément que Jean-François Copé, François Fillon et… Nicolas Sarkozy ont réuni leurs troupes. Le président (mal élu) de l’UMP a, le premier, ouvert les pavanes de rentrée en autorisant mi-août un débat « sérieux et objectif » sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Ce « droit d’inventaire », réclamé par la jeune génération inquiète du retour annoncé de l’ancien Président, lequel n’a pas hésité le 8 juillet à les traiter de « conservateurs » devant le conseil national de l’UMP, devra être clos « avant la mi-octobre ». Ainsi en a décidé Jean-François Copé. Mais à l’ouverture de la campagne des Cent Fleurs, Mao n’en prévoyait ni les effets centrifuges ni l’issue tragique. Si dans son discours sur la liberté, prononcé à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône) devant plus de 2 000 de ses partisans, le député-maire de Meaux a, en esquissant son propre projet présidentiel, livré en creux quelques timides critiques – c’est le cas avec sa proposition de gouverner six mois par ordonnances –, d’autres ont pris moins de gants. Laurent Wauquiez a ainsi accusé tout de go le couple Sarkozy-Fillon d’avoir mené des « réformettes » .

Message reçu par l’ancien Premier ministre, qui affirme, dans Paris Match du 29 août, travailler à un « projet radical », la France n’étant « plus assez prospère pour des demi-mesures ». Et François Fillon de citer aussitôt la suppression de l’ISF, « un sujet tabou, même à droite ». Déterminé à se présenter à la primaire de désignation du candidat UMP en 2017, celui qui fut cinq ans le loyal chef de gouvernement de Nicolas Sarkozy, mais nie aujourd’hui à ce dernier tout ascendant sur l’UMP, a prévu de boucler son projet à l’automne 2014. Soit aussi la date à laquelle l’ancien Président devrait faire son retour, à en croire ses groupies. Pour entretenir la flamme, l’association des Amis de Nicolas Sarkozy (ANS) organisait ses deuxièmes rencontres lundi à Arcachon, en Gironde. De nombreux ténors (Fillon bien sûr, mais aussi Xavier Bertrand, autre candidat déclaré, Wauquiez, Baroin, Pécresse…) ont fait défection. Brice Hortefeux, qui gère l’ANS, n’en a cure : « Ils seront tous là dans deux ans », jure-t-il un brin présomptueux. D’ici là, l’ANS prévoit de recruter, de désigner des délégués départementaux. Bref, de créer une UMP-bis.

Politique
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