Possible sortie de crise

Les islamistes majoritaires au pouvoir ont accepté un plan de « dialogue national » proposé par l’UGTT.

Denis Sieffert  • 3 octobre 2013 abonné·es

Il semblait se confirmer, le 1er octobre, que le principal parti au pouvoir, Ennahdha, a bien accepté le plan parrainé par la puissante Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), mais aussi par l’organisation patronale Utica, l’Ordre des avocats et la Ligue des droits de l’homme. Le parti islamiste a affiché dans un communiqué « sa volonté d’entamer immédiatement le dialogue » avec l’opposition sur la base de cette initiative. Le plan demande à la coalition au pouvoir et aux partis de l’opposition de se réunir pour « un dialogue national » avec le président Moncef Marzouki, un laïque, et le Premier ministre islamiste, Ali Larayedh, et de former dans les trois semaines suivantes un nouveau gouvernement composé d’indépendants et de « techniciens ». L’actuel gouvernement annoncerait sa démission dès le dialogue entamé.

Il pourrait s’agir d’une sortie de l’impasse politique dans laquelle le pays se trouvait plongé depuis l’assassinat du député Mohamed Brahmi, le 25 juillet. Les partis d’opposition laïques reprochaient à Ennahdha sa complaisance envers les groupes extrémistes soupçonnés d’être impliqués dans ce meurtre. Plus généralement, la crise résultait du blocage du débat constitutionnel.

Cette ébauche de consensus est aussi dictée par la gravité de la crise économique et sociale qui frappe la Tunisie. Si le dialogue s’instaure et si de nouvelles élections interviennent, ce serait la preuve que les islamistes d’Ennahdha empruntent un tout autre chemin que les Frères musulmans égyptiens. Ils accepteraient un compromis politique et une ouverture alors que les islamistes égyptiens n’ont eu de cesse de se replier sur leur pré carré et de s’approprier tous les leviers du pouvoir. Ce qui a favorisé le coup d’État militaire du 3 juillet. Signe de l’éloignement politique des deux pays, l’Égypte a rappelé lundi son ambassadeur à Tunis pour protester contre la demande de remise en liberté de l’ex-président islamiste Mohamed Morsi, au secret depuis sa destitution. Une demande formulée par le président tunisien Moncef Marzouki.

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