EELV : un scrutin incertain

La conquête du poste de secrétaire national apparaît comme l’enjeu principal du congrès des écologistes à Caen, le 30 novembre.

Patrick Piro  • 21 novembre 2013 abonné·es

c’est un congrès de la défiance et de l’incertitude qu’ont dessiné les votes des régions EELV, samedi dernier [^2]. Soutenue par les principaux cadres du parti – les deux ministres et de nombreux parlementaires –, la motion Pour un cap écologiste de la majorité sortante, arrivée en tête avec seulement 38,3 %, va devoir composer.

Si Déterminé-e-s (4,1 %) devrait se satisfaire des promesses d’amélioration de la démocratie interne énoncées dès lundi, Via ecologica (17,1 %), des proches de Dany Cohn-Bendit, apparaît comme le pivot des différents scénarios d’alliance. Mais la motion, qui aspire au retour de l’esprit d’ouverture qui présidait à la naissance d’Europe écologie, demande que soit mis en débat le poste de secrétaire national. Emmanuelle Cosse (Pour un cap écologiste), qui semblait promise à l’investiture, fait désormais partie du marchandage, ce que refuse évidemment sa motion. Un accord entre chefs de tente scellerait-il l’affaire ? Pas sûr. Ainsi, pour Michèle Le Tallec, tête de liste Déterminé-e-s, hors de question d’adouber Via ecologica, « par trop éloignée de nos pratiques ». Mais, surtout, les troupes de Via ecologica ne sont guère homogènes. Dans plusieurs régions, elles ont présenté des candidatures communes avec le pôle d’opposition, qui se cristallisait lundi autour des motions de « gauche » et environnementalistes – La Motion participative (LMP, 20,6 %), Là où vit l’écologie (8,8 %) et Avenir écolo (6,3 %). « À Caen, les délégués Via ecologica pourraient voter en ordre dispersé », selon Élise Lowy, co-porte-parole d’EELV et soutien de LMP, qui juge possible d’en rallier une partie sur un accord comprenant des engagements sur la démocratie interne, l’autonomie du parti vis-à-vis du PS et la signature d’un contrat de gouvernement qui ne soit pas un bout de papier de plus [^3]. LMP abandonnerait alors son appel à ne pas voter le budget 2014 : Via ecologica, qui croit à la participation gouvernementale, veut surtout l’encadrer plus sévèrement. Alors, Lucile Schmid (LMP) ou Marie-Pierre Bresson (Via ecologica) au secrétariat national ?

Jean-Philippe Magnen, co-porte-parole d’EELV, ne croit pas à ce scénario. « Emmanuelle Cosse sera désignée. Même si le pôle de stabilité majoritaire, que j’ai soutenu, n’en est plus vraiment un aujourd’hui, il faudra s’en contenter parce que nous n’avons rien de mieux », analyse ce proche de l’actuel secrétaire national, Pascal Durand. « La pseudo-gauche du parti et ses alliés de circonstance ne représentent pas une vraie alternative, qui reste à créer. En retournant vers la société civile pour reconstruire une écologie pragmatique qui a disparu, coincée entre les apparatchiks et les idéologues. »

[^2]: 48,5 % de participation (sur 10 358 adhérents) contre 55 % en moyenne aux assemblées générales.

[^3]: Lucile Schmid, tête de liste LMP, a établi un bilan fort peu flatteur de l’état de réalisation de l’accord PS-EELV de novembre 2011 (lmpeelv.files.wordpress.com).

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