Allemagne : Le pari risqué du SPD

Les militants du parti social démocrate ont validé massivement la grande coalition avec la CDU d’Angela Merkel.

Denis Sieffert  • 19 décembre 2013 abonné·es

Apparemment, il n’y a que des gagnants. Angela Merkel qui a réussi, trois mois après la victoire électorale, large mais incomplète (41,5 % des voix), à former un gouvernement et qui retrouve son poste de chancelière ; et Sigmar Gabriel, le leader du SPD, qui a imposé une partie de son programme, et qui a hérité du ministère de l’Économie et de l’Énergie. Au passage, les dirigeants du SPD ont empoché une autre victoire, politique, dans leur propre camp : ils ont réussi à convaincre 76 % des militants du parti de leur accorder leur confiance en validant le principe de la grande coalition. Mais dans quelques mois, ou dans quelques années, il y aura sans doute un vainqueur et un vaincu.

La précédente grande coalition s’était terminée par une débâcle électorale pour le SPD. Sigmar Gabriel prend donc un grand risque. Dans l’immédiat, le parti social démocrate semble avoir négocié au mieux à partir du mauvais score réalisé aux élections du mois de septembre. Il a obtenu la création d’un salaire minimum à 8,50 euros de l’heure, un droit de départ à la retraite à 63 ans mais après 45 annuités, et une limitation de la hausse des loyers. Mais Angela Merkel garde les clés principales de la politique économique en confirmant au ministère des Finances le très libéral Wolfgang Schaüble. Et la politique européenne reste le domaine réservé de la chancelière. Vue de France, cette grande coalition est évidemment étrange. C’est un peu comme si l’UMP et le PS formaient un gouvernement ensemble. Pour Jean-Luc Mélenchon, le SPD « s’est vendu à Merkel ». « La social-démocratie ne sert plus qu’à épauler l’ordre libéral », a commenté le coprésident du Parti de gauche, pour qui « de Merkel à Hollande, c’est la ligne directe ». Le paradoxe de la situation allemande, c’est que le SPD a obtenu plus dans cette négociation avec une CDU qui n’avait pas d’autre alliance possible, que lorsqu’il était au pouvoir. Mais, au-delà d’un infléchissement social qui n’est pas tout à fait indifférent, la clé de cette coalition réside dans l’accord profond des deux principaux partis, de droite et de gauche, sur la politique européenne et économique de l’Allemagne. Pour Claire Demesmay, experte d’un think tank berlinois, il faut s’attendre à une « grande continuité, d’autant plus que le SPD a soutenu le gouvernement précédent dans toutes les mesures de gestion de crise ». Notamment dans sa politique d’austérité…

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