Paris: le marché de Noël des Champs-Élysées se fournit surtout en Chine!

Claude-Marie Vadrot  • 13 décembre 2013 abonné·es

Illustration - Paris: le marché de Noël des Champs-Élysées se fournit surtout en Chine!

Il faut être attentif et très patient, en deux heures de recherche, pour dénicher des produits français ou même européens dans les vilaines cabanes de Noël plantées de chaque côté des Champs-Élysées. Les écharpes, les bonnets, les chapkas ou les tee-shirts « I love Paris » ? Fabriqués en Chine ou en Inde. Tout comme les briquets, des faux Zippos frappés aux armes de la capitale, et les chapeaux nommés « Mademoiselle Citron » (sic), discrètement porteurs des initiales RPC, République populaire de Chine. Plus loin, du cristal gravé, des gants, des sacs, des drapeaux français, des chaussettes ou des peluches avouent les mêmes origines, sauf quand les étiquettes ont été soigneusement découpées ou éliminées. Et la neige qui retombe sur les boules de plastique offrant des tours Eiffel, des Arcs de triomphe ou des caricatures de Notre-Dame auxquelles il manque des flèches a également été confectionnée dans une province chinoise. Tout comme ces vêtements présentés comme de « conception canadienne ». Il y a même des matriochkas russes fabriquées à Pékin ! Sans oublier les « superbes » montres parisiennes et les boîtes à musique qui cessent de fonctionner quelques heures après leur achat…

Tout compte fait, au long de la succession des baraques foraines qui vendent à peu près les mêmes produits, au moins 80 % de l’offre est chinoise. Ecoulée par des vendeurs qui avouent, d’une cabane à l’autre, être les représentants des mêmes grossistes. En dehors du chocolat, de deux boutiques de thé parisiennes et d’un stand de lavande, la pacotille clinquante et bon marché (à l’achat par les grossistes, pas à la vente aux passants !) domine largement. Bien sur, il y a des étalages de cochonnailles : mais, dans la plupart des cas, les origines des produits sous plastique sont difficilement identifiables, provenant manifestement de grandes usines de salaisons. Tout comme ceux qui sont cuisinés devant les clients. Quant au « village des artisans », dont l’offre fleure souvent la pâle copie, il est installé bien à l’écart de l’alignement du « marché ».

Le célèbre Marcel Campion, parrain des marchands forains parisiens et patron de la Foire du Trône et de la fête foraine qui défigure et abîme chaque année le jardin des Tuileries, peut être fier de lui : ce marché de Noël qu’il a créé il y a six ans, représente la plus belle arnaque de l’année. Reste à déterminer combien des marchés de Noël actuellement installés sur les trottoirs des villes de France se fournissent également en bimbeloterie originaire de Chine, d’Inde, du Pakistan, d’Indonésie ou de Turquie ; et combien de touristes ou de badauds achètent au prix fort ces produits médiocres fabriqués dans des conditions sociales honteuses. Arnaud Montebourg, le ministre à la marinière « Made in France », devrait parcourir ces marchés de la quincaillerie étrangère « gentiment » illuminés à grands frais par le maire de Paris et quelques dizaines d’autres élus en région.

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