Pêche : la parole à la défense

Après la pétition de Bloom, un collectif soutient les pêcheurs de grands fonds. Explications de son secrétaire, Alain Le Sann.

Camille Selosse  • 5 décembre 2013 abonné·es

Décidément, le succès de la pétition de Bloom n’en finit pas de faire des vagues. La semaine dernière, Politis rendait compte du buzz suscité par ce texte demandant l’interdiction de la pêche en eaux profondes et des différents enjeux liés. Aujourd’hui, Alain Le Sann, secrétaire de Pêche et développement, explique pourquoi son collectif, tout en se défendant d’être acquis à la cause de la pêche industrielle, a choisi de soutenir les pêcheurs des grands fonds : « Ce sont deux pêches complémentaires. Si on interdit la pêche des grands fonds, les pêcheurs vont se replier sur les zones où la pêche artisanale se réalise. Ils vont alors empiéter sur ce qu’il reste de la petite pêche.  »

Alain Le Sann est pourtant loin d’être un fervent défenseur de la pêche profonde. Il a longtemps exprimé son scepticisme. Mais, aujourd’hui, « les pratiques ont évolué, affirme-t-il. Bien sûr, il ne faut pas reproduire les erreurs commises dans les années 1980. Mais la pêche en eaux profondes est désormais encadrée, elle se fait sur des zones très réduites. Les arguments avancés par Bloom ont pu être vrais à une époque, mais la situation a changé ». Il se dit « désespéré et révolté » par cette « manipulation de l’opinion et le mépris affiché des pêcheurs   ». Il défend même la Scapêche (l’armateur d’Intermarché) : «   Quand ils sont arrivés après Pescanova [géant espagnol du poisson surgelé, NDLR], c’était un désastre et ils ont dû redresser la situation, perdant de l’argent pendant plusieurs années. » Cette histoire, dit Alain Le Sann, lui rappelle la campagne menée par Greenpeace et le WWF dans les années 1990 contre les filets dérivants. « C’était la même méthode de désinformation. Le résultat, c’est qu’on a tué les pêcheurs, des hommes honnêtes aimant leur boulot. Et tout ça pour une position idéologique avec une méconnaissance des réalités du terrain. » *Si, aujourd’hui, Alain Le Sann** prend la parole [^2], c’est qu’il estime que *« personne n’ose vraiment répondre à Bloom. Ils ont mis en place une telle campagne de communication que personne ne veut montrer son opposition, de peur d’avoir une mauvaise image, de passer pour quelqu’un qui n’en a rien à faire de l’environnement. Même les politiques, à Lorient, tentent d’éviter le sujet. »

[^2]: Vous pouvez lire sa tribune, très détaillée, sur politis.fr

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

D’eau et de colère
Portfolio 24 juillet 2024 abonné·es

D’eau et de colère

Les 19 et 20 juillet, les militants des Soulèvements de la Terre ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire sur les mégabassines. Reportage photo.
Par Maxime Sirvins
Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition
Portrait 24 juillet 2024 abonné·es

Nicolas, pêcheur de Loire : une espèce en voie de disparition

Sur le plus long fleuve de France, ils ne sont plus qu’une soixantaine à exercer leur métier. Une activité qui fait figure d’artisanat en comparaison de la pêche en mer. Rencontre avec un passionné attentif à son environnement.
Par Mathilde Doiezie
De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan
Reportage 22 juillet 2024

De Poitiers à La Rochelle, une lutte contre les mégabassines entre flammes et océan

Au cours d’une semaine de mobilisation contre les mégabassines, des milliers manifestants se sont rassemblés dans les Deux-Sèvres à l’appel des Soulèvements de la terre et de Bassines Non Merci. Les 19 et 20 juillet, les militants ont manifesté à côté de Poitiers et à La Rochelle pour exiger un moratoire. Récit et photos.
Par Maxime Sirvins
Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines
Reportage 15 juillet 2024 abonné·es

Le lycée agricole de Melle, pépinière du mouvement antibassines

L’établissement des Deux-Sèvres voit mûrir au sein de son BTS gestion et protection de la nature une nouvelle génération d’activistes contre l’accaparement de l’eau. Ses élèves aux parcours sinueux trouvent dans ce terroir et son activité militante le déclic d’un engagement durable.
Par Sylvain Lapoix