« Tel père, tel fils », d’Hirokazu Kore-eda : L’enfant de l’autre

Tel père, tel fils, d’Hirokazu Kore-eda, un conte sans surprise.

Christophe Kantcheff  • 19 décembre 2013 abonné·es

Le Japonais Hirokazu Kore-eda a signé des films qui nous ont ravis :   Nobody Knows (2004), Still Walking (2008)… Que se passe-t-il avec son nouveau film, Tel père, tel fils, qui, somme toute, déçoit (surtout après une seconde vision, quand l’émotion première ne « marche » plus) ? La réponse est simple : le film annonce rapidement son programme et dès lors ne dévie plus de ses rails. Autrement dit : une famille jeune et aisée – le père est haut placé dans un cabinet d’architectes, la mère ne travaille pas – est informée par l’hôpital où celle-ci a accouché qu’à la suite d’un échange de nouveau-nés à la naissance leur jeune fils de 6 ans n’est pas leur fils ! Conclusion des autorités de l’hôpital : il faut échanger leur enfant dans les plus brefs délais contre leur enfant biologique.

À partir de ce postulat, absurde au demeurant, le cinéaste va développer une thèse, certes sympathique, selon laquelle les liens de parenté et la biologie ont finalement peu à voir : son « véritable » enfant est l’enfant qu’on aime et qu’on élève. Il joue sur des contrastes un peu faciles, comme celui-ci : le père de l’autre famille est un jouisseur sans le sou, qui passe son temps avec ses enfants, alors que le cadre dynamique travaille trop pour se consacrer à son fils. L’émotion, elle aussi, est programmée. La situation est non seulement déchirante, mais elle entraîne un examen de conscience du père « négligent » : tous les éléments sont en place pour assurer des moments poignants, que Kore-eda édulcore, faisant de ce conte un gentil film, sans plus.

Cinéma
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