Et puis l’ami d’Alain…

Nous n’aurons garde d’oublier ce dimanche où ce copain d’Alain s’est avoisiné avec des porcs fascistes.

Sébastien Fontenelle  • 30 janvier 2014 abonné·es

Ce dimanche, donc, les fafferies françaises, toutes chapelles confondues, ont défilé dans Paris – forçant notamment l’admiration de Frau Boutin, qui a salué dans ses tweets une « forte mobilisation » et souhaité qu’elle soit, « la prochaine fois », plus importante encore. Sous des croix celtiques (liste non exhaustive), cette camarilla – mélangée, il va de soi, du ban et de l’arrière-ban des ultras de l’islamophobie – a notamment grogné, dans des chœurs d’où montait la même infecte puanteur qu’exhalaient dans les années 1930 les rues de Nüremberg : « Juif, la France n’est pas à toi ! » Ou : « Francs-maçons, pendaison ! »

Ce fut si dégueulasse que même Ivan Rioufol, prédicateur d’extrême droite chez le Figaro (de Serge Dassault, de l’UMP), qui a pourtant montré, dans le passé – quand ils organisaient, contre ce qu’ils appellent, rongés de paranoïa, une « islamisation », des apéritifs à base de produits porcins –, qu’il s’accommodait plutôt bien du folklore de certains roides gardiens de « l’identité » française, a dû, là, convenir le lundi que ce qui s’était passé la veille avait « dévoilé la face hideuse d’une France fascistoïde ».

L’imprécateur figarique, toujours très précautionneux dans ce qu’il croit être de l’ « anticonformisme », s’est cependant gardé de relever qu’il y avait, dans ce répugnant rassemblement, un prosateur qu’il ne hait point, et qui avait, point complètement rebuté par la proximité de néonazis patentés, préparé, pour l’occasion, une courte mais dense « allocution », à la fin de dire, plein d’une gluante componction – c’est, chez ce personnage, une manie ancienne –, « le désespoir, la fureur contenue, le grand refus, le grand NON d’un peuple et d’une civilisation en proie au Grand Remplacement » de ses populations souchiennes par des hordes étrangères. Il s’agissait – peut-être l’auras-tu reconnu à cette (très) courte mais inimitable logorrhée – de Renaud Camus : le même auteur qui, en l’an 2000, déplorait (déjà) qu’il y eût dans une certaine émission de France Culture tant de « collaborateurs juifs », et qui se trouve être – c’est à cela que je voulais ici en arriver – un bon ami du fameux philosophe de (et pour) télévision Alain Finkielkraut : le gars, tu sais, qui, toujours très agité, court de chez Giesbert à chez Copé (où il s’est tout récemment produit, drapé, suppose-t-on, dans une farouche indépendance) pour déclamer des divagations identitaires. Puisqu’en effet, depuis le début du siècle, Finkielkraut, sédimenté dans ses fustigations obsessionnelles de « l’antiracisme » – unique objet, ou peu s’en faut, de son ressentiment –, va répétant que ce Camus est « un écrivain rare et précieux ».

Et, quant à nous, nous n’aurons garde d’oublier ce dimanche où ce copain d’Alain s’est avoisiné avec des porcs fascistes qui vomissaient leur haine des juifs, des « pédés » et des francs-maçons. Ça nous resservira, je crois, la prochaine fois que ce philosophe voudra nous dispenser, depuis chez Giesbert ou Copé, l’une, encore, de ses imbuvables leçons de maintien.

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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