Après Genève, le massacre

Le régime de Damas a pratiqué une obstruction systématique pendant la conférence en Suisse, puis a intensifié son offensive sur le terrain.

Denis Sieffert  • 6 février 2014 abonné·es

Le régime syrien a mené le week-end dernier ses raids aériens les plus meurtriers depuis plusieurs mois contre les quartiers rebelles d’Alep, faisant 121 morts. Des hélicoptères de combat ont notamment bombardé la partie est de la ville avec des barils de TNT. Dans le quartier de Tariq al-Bab, 13 enfants et 8 adultes ont ainsi péri en recevant des charges explosives.

Dans le centre du pays, près de la frontière avec le Liban, le régime a également intensifié son offensive pour s’emparer de la ville de Zara, proche du célèbre château croisé du Krak de Chevaliers. D’autres opérations sont menées contre la localité de Mléha, au sud-est de Damas. Ces offensives semblent être la réponse de Damas à la vaine tentative de la communauté internationale d’imposer une négociation lors des pourparlers de Genève qui s’étaient achevés le 31 janvier. Après dix jours d’un dialogue de sourds, le régime a même fait obstacle à l’acheminement d’un convoi humanitaire dans la ville de Homs, assiégée depuis plusieurs mois. En revanche, le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, à Damas, a pu être approvisionné par une agence de l’ONU après des semaines de blocus. À Genève, les représentants du régime ont catégoriquement refusé d’évoquer la « transition politique » qui était pourtant le principal point à l’ordre du jour. C’est sans doute cette impasse qui a conduit Nasser al-Kidwa, l’adjoint du médiateur de l’ONU en Syrie, Lakhdar Brahimi, à annoncer sa démission. Seule fragile lueur d’espoir, la visite à Moscou d’un représentant de l’opposition syrienne. C’est le premier contact direct entre l’opposition et la Russie, grand protecteur du régime de Bachar al-Assad. Mais rien n’indique que cette rencontre annonce un changement d’attitude de Moscou.

Par ailleurs, un autre front, ouvert début janvier, change la donne au sein de la rébellion. Celle-ci poursuit son offensive contre le groupe jihadiste État islamique en Irak et au Levant (EIIL), dont les exactions contre la population font clairement le jeu du régime. Ces affrontements auraient déjà fait 1 400 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. L’EIIL réplique en commettant des attentats à la bombe dans les quartiers tenus par les rebelles. Au moins 16 personnes ont ainsi été tuées, dimanche, par un double attentat dans le nord de la Syrie.

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