Vent de fronde au Parti socialiste

Dans un texte, la gauche du parti dit ce qu’elle pense de la politique économique du gouvernement.

Michel Soudais  • 13 février 2014 abonné·es

Les socialistes ont du mal à avaler le pacte de responsabilité. Lundi, vingt-neuf membres du bureau national et du secrétariat national du PS, soit un tiers de sa direction, ont rendu public un texte critique sur l’orientation économique du gouvernement qui proclame qu’ « il n’y a pas qu’une seule politique possible ». La publication de ce texte, après trois semaines de discussions entre Maintenant la gauche, le courant animé par Emmanuel Maurel et Marie-Noëlle Lienemann, et Un monde d’avance, la sensibilité de Benoît Hamon, marque les retrouvailles de la gauche du PS, divisée depuis la victoire de François Hollande. Et aussi son élargissement, puisque les représentants de la motion « Oser. Plus loin, plus vite ! » – portée au congrès de 2012 par Pierre Larrouturou et Stéphane Hessel – se sont joints à eux. « Nous ne nous reconnaissons pas dans le discours qui tend à faire de la baisse des “charges” et du “coût du travail” la condition d’un retour de la croissance », écrivent les signataires, qui se disent « inquiets » de découvrir que ces baisses vont s’accompagner « d’une réduction de 50 milliards d’euros des dépenses publiques en trois ans ». Non seulement cela « risque de rogner sur le modèle social français », mais cela leur « fait craindre une réduction du périmètre d’intervention de l’État, nuisible aux politiques sociales existantes et au fonctionnement des services publics » .

Dans leur réquisitoire, les contestataires critiquent le « flou » des contreparties demandées en regard des « avantages accordés aux entreprises ». Et rappellent que « la social-démocratie suppose que le parti majoritaire à gauche soutienne les syndicats de salariés pour arracher un compromis au patronat ». Manière de dire que François Hollande s’en réclame à tort et que le PS a un rôle « autonome » à jouer. Ils invitent d’ailleurs leurs camarades à se « désintoxiquer des institutions de la Ve République » et mettent en garde leur direction : « Les débats politiques ne se règlent pas en brandissant la menace de mesures disciplinaires ou en mettant les parlementaires au pied du mur. » Face à un pouvoir qui fait désormais l’inverse de ce qu’il disait pendant la campagne et n’a cure de mécontenter une partie de son électorat, les signataires rappellent en conclusion que « le rassemblement de la gauche est une ardente obligation ». « C’est une façon de rappeler ce qu’on a toujours dit, décode Emmanuel Maurel, la politique de Hollande ne marchera que si on s’appuie sur tous ceux qui ont voté pour lui le 6 mai. » Un avertissement avant tout interne.

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