Maires sans-le-sou : « Moins d’argent à dépenser, c’est moins de choses à faire »

La baisse des budgets et des pouvoirs du maire incite Éline Gosset à passer la main.

Pauline Graulle  • 13 mars 2014 abonné·es
Maires sans-le-sou : « Moins d’argent à dépenser, c’est moins de choses à faire »

Elle est entrée dans la vie politique municipale comme « bouche-trou ». Quand, parité oblige, il fallait des femmes sur les listes. Elle en ressort par sa seule volonté. Qu’importe si ses « collègues, hommes surtout, [la] regardent, depuis, un peu ­bizarrement ». Éline Gosset, 69 ans, ne briguera pas un troisième mandat à la mairie ­d’Artiguelouve. Et tant pis si, avec son départ, c’est aussi un peu de « diversité » qui s’en va.

« L’écoute, la concertation, au bout d’un certain nombre d’années, on les perd. Il vaut mieux passer la main à des plus jeunes », estime l’ancienne prof d’histoire-géo, non encartée mais de gauche (tendance PS), qui s’oppose au cumul des mandats « dans le temps et dans les fonctions ».Il y a aussi ces raisons plus pratiques qui lui font abandonner son écharpe tricolore « sans trop de regrets » : la baisse des finances municipales et ses conséquences. « Moins d’argent à dépenser, c’est moins de choses à faire. » Ou encore l’intercommunalité qui, en prenant de plus en plus de pouvoir, va cantonner le maire « à des tâches pas très intéressantes à l’avenir, et le contraindre à servir de tampon entre l’interco et les administrés ».

D’autant que, dans cette commune des Pyrénées-Atlantiques passée en trente ans de 800 à 1 500 habitants, « les mentalités ont changé », estime Éline Gosset. Fini l’esprit de village que cette Parisienne de naissance avait découvert au début des années 1980, à son retour ­d’Alger. Les néoruraux venus habiter dans la périphérie urbaine de Pau (où ils travaillent) sont « plus individualistes » : « Ils veulent les mêmes services qu’en ville, mais ils ne s’investissent plus, ça manque de bénévoles ».

Pendant sa retraite, qu’elle passera d’abord dans sa maison du Maroc, Éline Gosset, mère de trois enfants, repensera bien sûr à Artiguelouve. À ses trottoirs tout neufs – « ça plaît aux gens » – ou à sa réforme réussie des rythmes scolaires… À ces petites victoires qui font les grandes fiertés.

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