« My Sweet Pepper Land », d’Hiner Saleem : Le shérif et l’institutrice

My Sweet Pepper Land, western kurde d’Hiner Saleem, mélange les tonalités.

Christophe Kantcheff  • 10 avril 2014 abonné·es

Pas facile de rendre la justice dans un endroit qui jusqu’ici l’ignorait. L’action se passe dans le Kurdistan désormais autonome. Un homme est condamné à mort : c’est la première scène de My Sweet Pepper Land, le nouveau film d’Hiner Saleem. Mais, faute de corde suffisamment solide, la pendaison du condamné tourne au fiasco. Les officiants sont partagés sur la suite à donner à ce ratage. Les gros plans sur les visages embarrassés et la situation gaguesque donnent le ton de ce film, qui ne manque jamais de faire sourire.

Baran (Korkmaz Arslan), héros de la guerre de libération du Kurdistan, ne souhaitant pas devenir le chef des flics du nouveau régime, accepte un poste loin de tout sur la frontière, entre l’Iran, l’Irak et la Turquie. Là, l’ennemi est un vieux chef mafieux, Agga Aziz, qui tient la région en faisant régner sa loi. Arrivé sur place, Baran, dont les prédécesseurs ont tous fini sous les balles des hommes de main d’Agga Aziz, fait alliance avec la jeune et belle institutrice, Golvend (Golshifteh Farahani), qui elle non plus n’est pas la bienvenue aux yeux du vieux parrain, parce que le savoir représente une autre forme de contestation de son pouvoir. Le shérif et l’institutrice qui défient les méchants dans un superbe paysage de vallées et de montagnes : Hiner Saleem joue à loisir avec les stéréotypes du western. Auxquels il ajoute un ton farcesque, et féministe de surcroît. Peut-être aurait-il pu même hausser la dimension comique de son film. Mais celui-ci, en l’état, s’avère extrêmement plaisant.

Cinéma
Temps de lecture : 1 minute