José Bové frise l’amalgame

José Bové est opposé à la procréation médicalement assistée (PMA). Il est contre toute manipulation sur le vivant, «   sur le végétal, l’animal et, a fortiori, sur l’humain ». C’est ce qu’a déclaré l’eurodéputé, le 30 avril, dans l’émission « Face aux chrétiens », sur la chaîne KTO. Les partisans de la Manif pour tous se sont réjouis de cette position venue de la gauche, écologiste de surcroît. Mais il s’agit d’une position isolée, comme le rappelle la sénatrice EELV Esther Benbassa : « La PMA a bien été inscrite dans notre programme pour les élections législatives, et j’avais porté moi-même, au congrès de Caen, à l’automne dernier, une motion où EELV s’engageait “pour que le dossier de la PMA pour les couples de lesbiennes ne soit pas enterré”, une motion votée à une très large majorité. » Les propos du candidat Bové aux européennes ont donc fait l’effet d’une torpille. D’autant que, le 27 avril, Manuel Valls a annoncé que le gouvernement s’opposerait à tout texte ou amendement sur la PMA « jusqu’à la fin de la législature », en 2017.

Mais c’est sur le fond que le bât blesse. Car la PMA ne peut être assimilée à de la manipulation sur le vivant, rappelle Jacques Testart [^2], que José Bové cite malgré tout en appui sur KTO. Dans une tribune publiée sur Politis.fr, le biologiste condamne « l’impasse technologique des plantes pesticides » et « critique l’expérimentation humaine pour concevoir des enfants  […] et la fabrication d’enfants sur mesure ». En revanche, il n’a jamais « renié » son « implication en fécondation in vitro dans le but de permettre la procréation pour des couples stériles ». Il n’est pas non plus opposé aux OGM « que sont les organismes unicellulaires » ou « OGM cobayes (plantes ou animaux, NDLR)  ». Et de conclure : « La clarification exige de dire de quoi on parle, et de justifier pourquoi on le refuse. »

[^2]: Faire des enfants demain. Révolutions dans la procréation , Jacques Testart (Seuil).