L’art et l’immobilier (À flux détendu)

On aime bien prendre au mot, au sein du collectif d’artistes « Boijeot-Renauld-Turon ».

Christophe Kantcheff  • 1 mai 2014 abonné·es

Un jour, le directeur du Centre Pompidou-Metz a eu cette phrase engageante : « Chez moi, c’est chez vous. » Cela n’a fait ni une ni deux au sein du collectif d’artistes « Boijeot-Renauld-Turon ». Qui a aussitôt initié une performance sous forme d’occupation permanente de l’établissement. On aime bien prendre au mot, chez « Boijeot-Renauld-Turon ». Dernier exemple en date : l’apposition de près de 600 fausses pancartes immobilières à Reims, en rouge et blanc, avec un faux nom d’agence et renvoyant au téléphone portable du député-maire UMP de Châlons-en-Champagne, ex-ministre du Logement, Benoist Apparu. Explication. Parce que le collectif s’apprête à participer au festival de spectacles de rue Furies, qui doit se tenir à Châlons, du 10 au 14 juin, celui-ci a fait des repérages dans les rues de la ville. Or, a expliqué Nicolas Turon, l’un des membres du collectif, «  nous y avons vu énormément de pancartes “À vendre”. Alors, plutôt que de compléter le désastre et mettre toute la ville en vente, nous avons décidé de brader Reims, qui est plus riche, au profit de la petite orpheline Châlons, en faisant jouer à l’ancien ministre au Logement le rôle de l’agent immobilier ». Une façon, aussi, de concrétiser les propos de Benoist Apparu, qui avait récemment déclaré vouloir « remettre un peu de folie en centre-ville ». C’est réussi. Mais, justement, comment a réagi monsieur le député-maire quand, la semaine dernière, les auteurs du « forfait » se sont fait connaître ? Benoist Apparu, ne s’obstinant pas dans une voie répressive, a interrompu la procédure judiciaire qu’il avait engagée. Et a glissé cette phrase à l’AFP, tout en demi-teinte : « Je vais retirer ma plainte mais j’ai un doute sur la pertinence artistique de cet acte. » L’ironie n’est pas l’apanage d’un camp.

Culture
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