Au service de l’aventure grenobloise

«J e me suis senti le courage de brûler mes vaisseaux. J’ai une petite épargne et pas de gros besoins. » À six ans de la retraite, Claus Habfast a démissionné du Synchrotron de Grenoble pour se consacrer à son mandat municipal. « Je n’y étais pas préparé. Nous n’avions jamais pensé gagner seuls au second tour. Puis j’ai réalisé : pas de socialistes pour nous mettre des bâtons dans les roues, une bande de collègues qui s’entendent bien, pas carriéristes… Jamais je ne retrouverais une chance pareille ! » Nul sentiment caritatif, précise Claus Habfast. « Ce que j’ai reçu de la société, il est dans une logique citoyenne de lui en rendre un peu. C’est dans ma culture allemande. » Marié à une Française depuis vingt-sept ans, ce physicien a demandé sa naturalisation en prévision de son élection. Elle ne lui a été octroyée que début avril : trop tard pour postuler à une délégation, selon la loi. Claus Habfast n’en a pas moins hérité de lourdes tâches au sein de la municipalité : président d’Alpexpo, qui doit 3 millions d’euros à la ville. « Gestion calamiteuse de l’équipe Destot… Tous nos élus sont tombés d’accord pour sauver la boîte, nous allons faire le maximum pour protéger les salariés. » Il n’a pas souhaité adhérer au Réseau citoyen, l’une des quatre composantes de la majorité. « Pour éviter les conflits d’intérêts. Mandataire social d’Alpexpo, je peux être amené à m’opposer aux positions du groupe. »

Une éthique que Claus Habfast défend aussi à la métropole (49 communes), dont il est l’un des vice-présidents, en charge de très gros dossiers (recherche, enseignement supérieur, Europe, équipements). Il rappelle la prise de contrôle politique peu médiatisée de la « Métro », en alliance avec le PS « écolo-compatible » Christophe Ferrari, maire de Pont-de-Claix, et qui s’opposait aux amis de Michel Destot. « Alors que la Métro va récupérer de nombreuses compétences début 2015, elle devrait travailler en bonne entente avec Grenoble. C’est une formidable aventure ! » Il a promis à sa femme de lever le pied « un peu plus tard ».