En finir avec la droite

J’aurais dû m’inquiéter plus avant de ce que serait le 2e quinquennat de M. Sarkozy…

Sébastien Fontenelle  • 5 juin 2014 abonné·es

Pour ce qui me concerne , je vais le dire un peu nettement : je n’ai pas été, sur le moment, particulièrement marri de la réélection, il y a deux ans, de Nicolas Sarkozy. Plus précisément, l’échec du candidat des « socialistes » au second tour de la présidentielle de 2012 ne m’a pas spécialement affligé, car je (ne) sais (que) trop ce qui se serait passé s’il l’avait emporté : comme je dis toujours, ça fait trente-trois ans que ces serial félon(e)s, sitôt qu’ils s’hissent aux affaires, n’ont d’autre hâte –  remember le « tournant de la rigueur » de 1983 – que de renier leurs engagements. (Pour mieux finir de sales boulots : remember aussi que Lionel Jospin a tant et tant privatisé quand il était dans Matignon que MM. Balladur et Bébéar avaient à la fin de son mandat les mains toutes gonflées de l’avoir si follement applaudi.)

Mais depuis quelque temps – et je te prie de croire qu’il m’en coûte beaucoup de te faire ici cet aveu –, je commence à me demander si je n’ai pas péché là par un excès de raideur. Et si je n’aurais pas dû, tout de même, surmonter la profonde aversion que m’inspirent les « socialistes » de gouvernement et m’inquiéter plus avant, sachant ce que je savais alors du personnage – et de sa propension à la décomplexion –, de ce que serait la réalité du second quinquennat de Sarkozy. Car, en effet, il n’est plus douteux du tout que le gars s’est, d’un mandat l’autre, radicalement radicalisé. Jusqu’à présent – et dans la première moitié de cette nouvelle mandature –, il s’est contenté, comme la droite a toujours fait, de prendre aux pauvres pour donner (des dizaines de milliards d’euros) aux riches, et cela, qui n’était donc (par-delà le gigantisme des sommes allouées au patronat) pas complètement neuf, restait du moins dans les limites, précisément, du déjà-vu.

Mais le voilà qui ambitionne désormais de supprimer – au prétexte, rédigé par le Medef, qu’ils seraient un frein à la (sacro-sainte) « croissance » – les seuils sociaux de représentativité qui obligent les entreprises de plus de 10 salariés à mettre en place des institutions représentatives du personnel – et de donner donc, pour le dire plus simplement, de gigantesques coups de burin dans le droit du travail. (Cela est d’ailleurs – même à l’aune des pires coutumes de la droite régimaire – tellement énorme que même la CFDT – qui pour finir ratifiera, n’en doutons pas, cette scélératesse – fait mine de s’en offusquer.)

Adoncques, je le promets ici avec un peu de solennité. Si M. Sarkozy, chef de l’État français, devait effectivement, deux ans après sa réélection, procéder contre le salariat à cet effroyable coup de force, je reconsidérerais, pour 2017, les préventions qui m’ont, jusqu’à présent, toujours retenu de voter pour des « socialistes ». Et si M. Hollande, par exemple, décidait alors – pour se revancher de son échec de 2012 – de se porter une nouvelle fois candidat à la magistrature suprême, j’envisagerais très sérieusement de lui donner ma voix. Car le moment sera venu d’en finir pour de bon avec la droite.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

Temps de lecture : 3 minutes