Vers une Agence française pour la biodiversité « unijambiste »

Alors que le projet de loi va être débattu à l’Assemblée, le périmètre de l’Agence française pour la biodiversité pose question.

Louise Pluyaud (collectif Focus)  • 19 juin 2014 abonné·es
Vers une Agence française pour la biodiversité « unijambiste »
© Photo : Biosphoto / Bruno Mathieu

Résolution attendue du quinquennat de François Hollande, le texte du projet de loi biodiversité est sur le point d’être débattu les 24, 25 et 26 juin devant l’Assemblée nationale. Parmi les mesures phares, telles que l’introduction du principe de « solidarité écologique » et la lutte contre la biopiraterie (l’appropriation illégitime des ressources de la biodiversité), c’est sur la question de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) que convergent les préoccupations. L’AFB sera l’interlocuteur unique de tous les acteurs de la biodiversité et pourra être opérationnelle en 2015. Mais, à l’aube de sa création, elle sème déjà la discorde. Car, si elle regroupera, entre autres, l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) et l’établissement public Parcs nationaux de France, un simple partenariat sera établi avec l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), selon la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, qui a hérité du projet de loi porté en mars par son prédécesseur, le député PS Philippe Martin.

La non-intégration de l’ONCFS dans l’agence « conduit à créer un établissement unijambiste, dont l’expertise sera majoritairement aquatique, laissant en déshérence le milieu terrestre, s’indigne Justine Roulot, chargée de mission au sein de l’association Humanité et Biodiversité. Il appartient donc aux parlementaires de revenir sur cette décision ». «   Pour moi c’est une grosse farce, s’agace Pierre Athanaze, de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas). Faire une agence de la biodiversité sans intégrer sa plus grosse composante, c’est se priver de presque mille agents de la police de l’environnement ! » Geneviève Gaillard, députée PS et rapporteure du projet de loi, juge elle aussi «   problématique   » cette absence, qui satisfait en revanche les chasseurs, eux aussi membres de l’Office. Par peur d’une potentielle dissolution et d’une perte de leur influence, ces derniers refusent en bloc l’intégration de l’ONCFS, au grand dam du SNE-FSU, le syndicat majoritaire au sein de cet établissement public. «  S i on reste à l’extérieur, précise Jean-Luc Ciulkiewicz, secrétaire général du SNE-FSU, à Terraeco.net, on va se recroqueviller sur les missions autour de la chasse. On sera soumis à la mainmise des chasseurs et on ne parlera plus de la biodiversité. »

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes
Décryptage 30 juin 2025 abonné·es

Loi Duplomb : comment le gouvernement éteint les voix paysannes



La « loi Duplomb » est discutée en commission mixte paritaire à partir de ce lundi 30 juin. Le texte ne bénéficiera qu’à une poignée de gros agriculteurs et invisibilise celles et ceux qui défendent une agriculture paysanne et vertueuse.
Par Vanina Delmas
Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie
Agriculture 30 juin 2025

Les cadeaux de Macron à l’agro-industrie

La loi Duplomb offre de nombreux cadeaux aux défenseurs de l’agriculture productiviste. Cette générosité a émaillé les deux quinquennats d’Emmanuel Macron notamment en matière de pesticides, de fermes-usines et de mégabassines.
Par Vanina Delmas
« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides
Reportage 27 juin 2025 abonné·es

« Stop aux marchands de mort » : au blocage de l’usine Phyteurop, avec les opposants aux pesticides

Plusieurs centaines de militants, paysans et habitants ont bloqué ce 27 juin cette usine de produits agrochimiques, à Montreuil-Bellay, dans le Maine-et-Loire. À quelques jours du vote de la loi Duplomb, ils dénoncent un système agricole toxique qui empoisonne les corps, les sols et les récits.
Par Maxime Sirvins
VivaTech : le salon des start-ups écocides
Reportage 13 juin 2025 abonné·es

VivaTech : le salon des start-ups écocides

Paris accueille Viva Technology, le plus grand salon européen dédié au secteur de la tech et aux start-ups. Dans ce temple de la sacro-sainte innovation, l’écologie est l’éternelle absente, cantonnée à de néfastes inventions technosolutionnistes.
Par Thomas Lefèvre