Jack White, presque parfait

Avec son deuxième album solo, l’ex-White Stripes propose des chansons irrésistibles.

Jacques Vincent  • 24 juillet 2014 abonné·es
Jack White, presque parfait
Lazaretto , Jack White, Beggar’s Banquet.
© Jeff Gentner / Getty Images : AFP

C’est une scène d’ Only Lovers Left Alive de Jim Jarmush. Une virée nocturne du couple de vampires à la parfaite élégance rock’n’rollienne dans un Detroit apparemment vidé de ses habitants. L’homme arrête la voiture devant une maison et explique à sa fiancée diaphane que c’est celle qui a vu naître Jack White. La scène en dit long sur le statut que possède aujourd’hui celui qui s’est d’abord fait connaître avec le duo transgenre et bicolore des White Stripes. Si Jack White possède comme le héros du film un goût pour les guitares vintages, il n’en partage pas la crainte de la lumière et a, au contraire, multiplié les occasions d’être sous les projecteurs. Alors que les White Stripes existaient encore, il a fondé deux groupes en parallèle, les Raconteurs et Dead Weather, créé un studio et un label à Nashville, où il vit désormais, s’est lancé dans la production et, depuis quelque temps, dans une carrière solo. Tout cela avec des bonheurs divers qui nous ont amenés à entretenir avec lui une relation quelque peu élastique.

Du haussement d’épaules agacé au sortir d’un concert rachitique des White Stripes à la fin des années 1990 à un enthousiasme inattendu à l’écoute de leur Elephant quelques années plus tard, d’une totale perplexité devant l’absence de bonnes chansons dans les albums des Raconteurs au réel engouement provoqué par la majeure partie de ce nouvel album, Lazaretto  : ce qui est sûr, c’est que l’on garde toujours une oreille disponible pour Jack White. Sa passion pour l’histoire de la musique populaire américaine et l’inspiration essentielle qu’il en tire n’y sont pas étrangères. Et c’est bien ce qui nous plaît encore sur ce disque qui, dans ses meilleurs moments, se partage entre un rock flamboyant et un country-rock qui renvoie à la figure tutélaire du genre, l’ange calciné Gram Parsons. Ou, plus près de nous, à un Ryan Adams à son meilleur.

S’il s’en était tenu là, Jack White aurait réussi l’album parfait. Mais à deux ou trois reprises, il semble trouver nécessaire de se compliquer la vie, durcissant le son et brisant les rythmes, lui qui excelle justement dans l’évidence et la simplicité lumineuse de mélodies qui hantent l’auditeur dès la deuxième écoute. Rien qui puisse pourtant gâcher la réussite du reste du disque et de ces chansons tellement irrésistibles qu’on a envie de reprendre les refrains en chœur.

Musique
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