Un doux mais soutenu massage

À Vauvert, Manuels Valls a (encore) craqueté que la « réforme » était le genre humain.

Sébastien Fontenelle  • 10 juillet 2014 abonné·es

Je soupçonne très fort, je ne te le cache pas, que MM. Copé et Sarkozy [^2], de l’UMP, nous ont pendant pas mal de temps pris pour des gro(sse)s nigaud(e)s. Puisque, en effet, et pour autant qu’il m’en souvienne : ces deux-là viennent de passer d’interminables années à crier que si nous ne leur livrions pas notre cher et vieux pays, faudrait pas non plus qu’on s’étonne qu’il verse dans la faillite, vu qu’à part eux, personne ne sait le gérer correctement, t’as vu. Or, dans la vraie vie – comme t’auras forcément noté, si tu n’es pas déjà parti(e) pour de longues vacances d’été sur une île déréseautée : c’est tous les jours, désormais, que des infos pleuvent – éventuellement hallucinantes –, qui montrent que ces deux-là ne sont même pas foutus de maîtriser leurs propres finances. (Disons comme ça, pour rester polis.)

M. Sarkozy, par exemple, a crevé, dans la dernière élection présidentielle – par un dépassement de 17 millions d’euros tout de même, auprès de quoi le (fameux) « trou de la sécu » (dont l’éditocratie assistée nous rebat sans fin les oreilles) ressemble à un plan d’épargne –, le plafond de ses dépenses de campagne [^3]. Et quant à M. Copé : il a laissé dans l’UMP un déficit de 80 millions d’euros – creusé notamment dans l’achat de 24 000 euros de billets d’avion pour son épouse, qui a dû accumuler là, si du moins elle a eu la bonne idée de s’équiper d’une carte de fidélité, pas mal de miles, la veinarde.

Bref : comme gestionnaires, ces mecs sont d’une ahurissante nullité – d’aucun(e)s, même, prétendent, ai-je lu, qu’ils seraient presque indélicats, mais quant à moi je n’y crois guère –, et ne seront, par conséquent, bientôt plus qu’un mauvais souvenir, dans l’histoire politique française, car il faudrait vraiment être très con(ne), t’avoueras, pour continuer à leur reconnaître la moindre street credibility. Ne pas s’y tromper, cependant – et ne pas nourrir trop de faux espoirs : cela ne signifie pas du tout que la droite aura sous peu disparu de notre paysage idéologique.

Car en effet, et tout au rebours, son nouveau champion – Manuel Valls –, littéralement galvanisé, dirait-on, par la révélation publique de la consternante médiocrité de MM. Copé et Sarkozy ^4, redouble d’ardeur, dans la proclamation qu’il porte les mêmes convictions qu’eux : c’est ce dont témoigne par exemple son tout récent discours de Vauvert (Gard), où il a (encore) craqueté, comme faisait en son temps M. Barre (Raymond), que la « réforme » était le genre humain, et qu’oui, bien évidemment qu’oui, il allait continuer, avec M. Sapin [^5], à donner tous les jours du plaisir à M. Gattaz, par un doux mais soutenu massage de la partie la plus sensible de l’anatomie du Medef – le porte-monnaie, bien sûr. 

[^2]: Liste non-exhaustive (LNE).

[^3]: Et, en même temps, reconnaissons qu’il eût eu tort de se gêner, puisque c’est, semble-t-il, son parti qui paie les pénalités qui lui sont, en de tels cas, infligées.

[^4]: LNE

[^5]: Qui vient de son côté d’hucher : « La finance est notre amie ! »

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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