Bluffé

Je me disais aussi que ça m’étonnait qu’on se soucie soudain du sort des Palestiniens.

Sébastien Fontenelle  • 28 août 2014 abonné·es

Comme tu sais, je suis assez loin de penser que M. Hollande n’est que délicieux. En vrai, je serais même assez de l’avis que ses agissements, depuis que tu l’as mis dans l’Élysée, sont ce qui se fait de pire à droite du Pecos (Texas, USA). Raison pour laquelle, soit dit en passant, je continue de t’en vouloir un peu de lui avoir donné de ta voix en 2012, parce que bon, je t’avais prévenu(e) combien de fois qu’avec lui t’allais morfler pansu – comme toujours avec les « socialistes » ? (Mais passons : je ne vais pas retourner le Manuel Valls dans la plaie – j’espère juste que cette fois-ci t’as compris, et que la prochaine fois qu’un[e] de ces charlatan[e]s te fera le coup du votutile tu l’enverras ch… Paître.)

Ceci posé, je dois, ne serait-ce que par simple honnêteté, reconnaître qu’il y a eu, dans le radieux mois d’août qui s’achève (et durant lequel les températures ont culminé, rappelle-toi, jusqu’à des 12 degrés au soleil), un moment où M. Hollande m’a bluffé – quand il a annoncé que la France allait enfin livrer des armes sophistiquées (à ne pas confondre, par conséquent, avec des massues en mousse ou des flingues à bouchon) à la résistance palestinienne. Car, en effet, j’avais d’abord trouvé un peu légère – pour ne pas dire franchement incommodante – sa toute première réaction, en juillet, au nouveau massacre massif auquel se livre à Gaza l’armée israélienne, qui semble désormais considérer ces perpétrations comme une espèce de tradition : le communiqué de l’Élysée narrant à M. Netanyahou que « la France » – dont M. Hollande continue de prétendre qu’il porte dans le monde sa parole, comme s’il était complètement inconscient que les Françai(se)s, justement, ne sont plus que seize, d’après les derniers sondages, à considérer qu’il serait digne d’estime – le soutenait à donf dans cette aventure, et qu’il avait foutrement raison d’y utiliser tous les moyens nécessaires, m’avait fait vomir à longs traits.

2 000 (et quelques) mort(e) s plus tard – des civil(e)s, principalement, comme à chaque fois que les Forces de défense israéliennes [^2] font dans leurs proximités du hachis d’Arabo-musulman(e)s –, j’ai donc trouvé fort bienvenu que M. Hollande ait finalement réajusté son opinion, et qu’à défaut d’intervenir plus directement, comme il a par exemple fait au Mali, pour mettre fin à ces exactions, il ait pris la décision, certes préférable à ses premières tolérances, d’armer la résistance palest…

Attends ? Mais attends ? Bon sang. Je m’aperçois que je me suis planté grave – nigaud que je suis : c’est à des combattants syriens que M. Hollande a fait distribuer du gros matos. Pour les aider, notamment, à lutter contre les jihadistes ravagés qui ont si puissamment prospéré sur le fumier laissé dans la région depuis quelques années par les interventions de l’Occident. Je me disais aussi que ça m’étonnait qu’on se soucie soudain du sort des Palestinien(ne)s que la France (et le monde) laisse(nt) depuis si longtemps crever…

[^2]: Ainsi dénommées, suppose-t-on, par antiphrase.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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