Mercato de la rentrée : On prend les mêmes et…

Dans le mercato des médias, une rentrée sans grand bouleversement. Sur le service public, foin de nouveautés mais des réajustements à la marge.

Jean-Claude Renard  • 28 août 2014 abonné·es
Mercato de la rentrée : On prend les mêmes et…
© Photo : AFP PHOTO / VALERY HACHE

C’est un moment toujours attendu. Dans le milieu d’abord, qui aime à se scruter, auprès des téléspectateurs et des auditeurs ensuite, sensibles aux mouvements de leurs animateurs et journalistes préférés, aux promotions et aux mises à l’écart. Si, chaque année, le mercato des médias agite le petit écran et les ondes, il apparaît, en cette rentrée, beaucoup plus calme que lors des éditions précédentes.

Les premiers mouvements s’opèrent sur les chaînes privées, rarement avares de surenchères dans la spectacularisation. Sur D8, Julien Courbet revient ainsi avec le jeu « Le Maillon faible », partagé entre la moquerie et l’humiliation, sept ans après son arrêt sur TF1. Sur NRJ 12, Cyril Viguier, ancien protégé de Nicolas Sarkozy, propulsé alors à la tête du magazine désopilant « Vendredi sur un plateau », sur France 3, produira et animera une émission baptisée « Talk Club », se proposant de « donner la parole à ceux qui entreprennent, créent et innovent dans notre société actuelle », dixit un communiqué de la chaîne. M6 poursuit ses insipides émissions comme « La France a un énorme talent » et « 100 % Mag », avec une nouvelle présentatrice, Louise Ekland, passée par Direct 8 sous l’ère Bolloré, BFMTV, RTL2 et France 5 (c’est ce qu’on appelle avoir l’amour du maillot). Pour sa part, TF1 relance « Koh Lanta », télé-réalité entachée en 2013 de la mort d’un candidat, suivie du suicide du médecin de l’équipe. Il faut croire que la chaîne mise sur l’audience pour effacer des tablettes le nom des disparus au champ d’honneur. Sur le service public, les changements s’opèrent à la marge, loin des turbulences observées les années précédentes (si l’on songe à la suppression de « Taratata » ou « Des mots de minuit »). Foin de nouveautés mais des réajustements, un jeu de chaises musicales. C’est le cas pour Yves Calvi, conservant « C’est dans l’air » (France 5), cédant sa place à Anne-Sophie Lapix pour « Mots croisés » (France 2). Tout en gardant les rênes de « C’est à vous », Lapix renoue avec l’interview politique, un exercice qu’elle maîtrise parfaitement (surtout face aux candidats les plus retors comme Marine Le Pen), tandis que Calvi vient succéder à Laurent Bazin pour la matinale de RTL (7 h/9 h 30). De son côté, Carole Gaessler, déjà aux commandes du 19/20 sur France 3, décroche la présentation du mag « Des racines et des ailes ». Elle remplace Patrick de Carolis, qui a suspendu ses activités sur France 3 à la suite de sa mise en examen pour « prise illégale d’intérêt et favoritisme » dans le cadre de l’autre affaire Bygmalion, touchant France Télé. Comme on dit, mieux vaut arrêter avant d’être arrêté.

Plus attendue est l’arrivée de Léa Salamé, quittant I-Télé pour le rôle de polémiste chez Laurent Ruquier, le samedi soir, dans « On n’est pas couché », en lieu et place de Natacha Polony (la lyrique droitière retrouvant un fauteuil dans le « Grand Journal » de Canal). À vrai dire, il y a fort à parier que les projecteurs de cette rentrée média se braquent sur Léa Salamé, plus difficile à cerner politiquement. Pas seulement pour l’émission de Ruquier, mais aussi parce que la journaliste prend l’interview de 7 h 50 dans la matinale de Patrick Cohen sur Inter. Ce sera assurément plus punchy qu’avec Clara Dupont-Monod. Au reste, c’est surtout du côté des ondes que la rentrée bouge. Au-delà de la guéguerre entre RTL et Europe 1, entre Laurent Ruquier et Cyril Hanouna, ou d’un 7 h 50 sur RMC avec un face-à-face Éric Brunet/Laurent Neumann, prometteur en populisme, France Inter passe la multipliée. Léa Salamé, donc, dans la matinale. Mais encore trois retours de pointe : Hélène Jouan reprend « Le téléphone sonne » à 19 heures, avec l’obligation de réveiller précisément la ligne, Frédéric Pommier revient à l’exercice de la revue de presse du week-end, fort de son écriture personnelle, et Alain Maneval retouche le micro, enfin, pour une émission musicale le week-end entre minuit et 1 heure. Cela ressemble à un retour des placardisés par Philippe Val. Et c’est la meilleure nouvelle de cette rentrée.

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