Alternatiba : « Nous voulons créer un mouvement permanent »

Mobilisé contre le projet de zone commerciale sur le triangle de Gonesse, Alternatiba s’y installe pour son premier rassemblement en Île-de-France.

Thierry Brun  • 18 septembre 2014 abonné·es

Gilles Lemaire est l’un des fondateurs d’Alternatiba Île-de-France, créé dans la foulée du rassemblement de Bayonne, en octobre 2013, et de l’appel à multiplier les villages d’alternatives. Les 20 et 21 septembre, à l’occasion du premier Alternatiba en Île-de-France, de nombreuses associations se mobiliseront sur les terres agricoles du triangle de Gonesse (Val-d’Oise) [^2].

Quel accueil a reçu la création d’Alternatiba Île-de-France ?

Gilles Lemaire : Le Festival des utopies concrètes a rejoint immédiatement cette démarche. Ce festival a l’expérience des rassemblements d’associations autour des alternatives au changement climatique. On a eu des contacts avec certaines d’entre elles, notamment les Objecteurs de croissance, Attac, avec sa commission « écologie et société », ainsi que des militants écologistes. La Coordination eau Île-de-France, notamment, a intégré Alternatiba IDF. Les initiatives vont se multiplier d’ici au grand rassemblement prévu en Île-de-France les 26 et 27 septembre 2015, soit deux mois avant la conférence des Nations unies sur le climat, qui se déroulera au Bourget, à proximité des terres agricoles du triangle de Gonesse.

Quel est votre objectif ?

Nous voulons créer un mouvement permanent autour du réchauffement climatique qui puisse avoir de l’influence. L’idée de lancer des Alternatiba en France vient du bilan que nous avons dressé lors de la conférence des Nations unies à Copenhague en 2009. Nous avons relevé deux erreurs dans nos axes de communication. La première a été de s’adresser exclusivement aux chefs d’État en leur disant qu’il fallait changer de politique. La seconde a été de dire que c’était le sommet de la dernière chance pour ne pas dépasser les 2 °C de réchauffement climatique au XXIe siècle. Or, on sait désormais qu’on les dépassera. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) indique que le réchauffement devrait s’accélérer après 2030 si nous continuons dans la dynamique actuelle.

Cela vous a inspiré une autre stratégie…

Il faut continuer à faire pression pour que les politiques publiques changent, pour que les États s’engagent sur des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Il faut un front vert permettant aux pays du Sud, qui ne sont pas responsables de la situation, de s’adapter aux conséquences du réchauffement climatique et aussi de se développer sur des bases moins émettrices de GES. Mais cela ne suffit pas. Il faut aborder les problèmes de modes de vie en société, de modes de consommation et de production. Cela touche tous les domaines : les transports, la gestion des déchets, l’agriculture, que les citoyens doivent prendre en main. Montrons qu’il existe de nombreuses alternatives, comme un atelier de réparation de vélos, une Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap), etc. Les personnes qui y participent n’ont pas toujours conscience des conséquences de leur action sur nos modes de consommation et sur la lutte contre le réchauffement climatique. Montrons aussi que ces personnes ne sont pas si isolées. Cela permettra de créer un mouvement permanent plus solide.

Pourquoi choisir le site des terres agricoles du triangle de Gonesse ?

Ce lieu est chargé de symboles. C’est l’un des derniers grands ensembles de terres agricoles en Île-de-France et c’est là que devrait être construite la gigantesque zone commerciale EuropaCity, avec un domaine skiable : une aberration économique et écologique ! Le projet ignore les risques environnementaux comme le réchauffement climatique. Artificialiser des terres agricoles accroîtra les sources et les concentrations de polluants. Le collectif d’associations pour le triangle de Gonesse, animé par Val-d’Oise environnement, se bagarre depuis deux ans contre ce projet, car on sait aussi qu’il y a un déficit de terres agricoles. Les Amap franciliennes ont, par exemple, de grandes difficultés à trouver des agriculteurs n’étant pas des céréaliers.

[^2]: Consulter le site du Collectif pour le Triangle de Gonesse : http://voe95.fr/cptg

Écologie
Temps de lecture : 3 minutes

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