Au Testet, les anti-barrage ne veulent pas céder

La lutte contre le barrage du Testet s’étend désormais à l’échelon politique.

Patrick Piro  • 25 septembre 2014 abonné·es
Au Testet, les anti-barrage ne veulent pas céder
© Photo : GABALDA / AFP

Le déboisement est terminé, la zone humide du Testet, au bord de la rivière Tescou, dans le Tarn, n’est plus qu’une plaine saccagée. Les opposants, cible d’interventions musclées des forces de l’ordre, n’ont pu que retarder l’avancée des bulldozers [^2], là où le conseil général a prévu la construction d’un barrage principalement dédié à l’irrigation de cultures de maïs. Durant cette fausse trêve, Ségolène Royal, qui s’était désintéressée de l’affaire dans un premier temps [^3], a demandé au conseil général la confirmation du respect des consignes ministérielles concernant l’intervention sur une telle zone, l’une des plus importantes réserves de biodiversité du département. La réponse affirmative et expéditive du président, le socialiste Thierry Carcenac, n’a pas dû la convaincre. Deux experts ont été envoyés sur place « pour éclairer certains aspects » du projet.

Alors que leur rapport est attendu rapidement, la contestation se développe aussi sur le terrain politique. Tandis que l’écho des affrontements avait largement dépassé le périmètre du département, une soixantaine d’élus d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) et du Parti de gauche exigeaient dans une lettre ouverte, le 10 septembre, que « cessent les violences incompréhensibles à l’égard des opposants au projet de barrage et qu’un moratoire soit décidé, avec l’arrêt immédiat du déboisement ». Et Thierry Carcenac recevait une délégation de neuf élus écologistes locaux, premier échange entre le principal promoteur du projet et des représentants des opposants.

Guillaume Cros, conseiller régional EELV, estime le président du conseil régional ouvert à des discussions « pour évoquer un éventuel redimensionnement du projet », alors que ce dernier aurait évoqué des incertitudes sur l’obtention rapide de fonds européens, de l’ordre de 20 % des 8,4 millions du coût présumé de la retenue [^4]. Dans sa réponse à la lettre ouverte, Thierry Carcenac minimise cependant les dégâts écologiques irréversibles : l’aire déboisée ne représente que 13,4 hectares sur les 700 que compte le patrimoine départemental, et ils seront compensés par la réhabilitation en zones humides de 20 hectares de terres dégradées. Une comptabilité aberrante en termes écologiques : la surface de compensation est morcelée en neuf parcelles, dont certaines ne correspondent pas au profil d’une zone humide. Par ailleurs, le président du conseil général allègue que tous les recours juridiques ont été épuisés, ce qui est faux. À Notre-Dame-des-Landes, les opposants ont obtenu un moratoire sur les travaux du projet d’aéroport tant que la justice n’aura pas dit le dernier mot. Au Testet, les anti-barrage réclament le même traitement.

[^2]: Voir Politis n° 1318, du 11 septembre.

[^3]: Lire : www.reporterre.net/spip.php?article6262

[^4]: www.letarnlibre.com, 16 septembre.

Écologie
Temps de lecture : 2 minutes

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