Libé dégraisse

À peine renfloué, le quotidien prévoit la suppression de 93 postes.

Jean-Claude Renard  • 18 septembre 2014 abonné·es
Libé dégraisse
© Photo : AFP PHOTO / PATRICK KOVARIK

Le fond de l’air reste pesant à Libé. Malgré une recapitalisation de 18 millions d’euros en juin, Pierre Fraidenraich, directeur général de la holding PMP, chapeautant le titre, et Laurent Joffrin, directeur de la publication et de la rédaction, ont annoncé un plan social drastique pour réduire de 4 à 5 millions d’euros les charges du journal et revenir à l’équilibre d’ici à 2015. Le toutim en s’appuyant sur un projet passant par « des développements internes », déclarait le 8 septembre Pierre Fraidenraich, au Figaro. Au programme, une radio Libé, une offre vidéo et des locaux historiques « aménagés en un espace créatif ». C’est le fameux « Flore du XXIe siècle » rêvé par les actionnaires. Depuis le 1er août, l’ouverture de la clause de cession permet aux salariés de bénéficier d’indemnités de départ après le changement d’actionnaire (l’arrivée de Patrick Drahi, patron de Numericable). La direction compte là-dessus, mais personne ne se bouscule au portillon. « Il faut absolument redresser les comptes et, pour cela, prendre des mesures douloureuses », avait prévenu Joffrin. D’où la présentation d’un plan de départs plus large au comité d’entreprise ce lundi 15 septembre. Et la note est salée.

Sur les 250 salariés de l’entreprise (dont 180 journalistes), il était question de 50 à 70 personnes concernées. Joffrin a annoncé la suppression de 93 postes, entre CDI (81) et CDD (12). Du jamais-vu dans le journal ! À terme, le titre vise une rédaction unifiée entre papier et web, une équipe de 130 journalistes exerçant sur tous supports. Annoncées également, une diffusion des contenus en mode payant et une nouvelle formule du quotidien au premier semestre 2015. Non moins grave, la direction prévoit une remise à plat de tous les contrats de travail, « dans le cadre de la fusion des rédactions web et papier. Ceux qui refuseraient seraient amenés à être licenciés », a prévenu François Moulias, président du directoire. Cerise sur le gâteau : la signature d’une clause de non-dénigrement. Quelles sont les intentions des patrons ? Pierre Fraidenraich a apporté sa réponse au Figaro  : « Trop de journalistes sont trop peu productifs. » Ce qu’a confirmé Joffrin à la veille du comité d’entreprise, sur France 5, estimant que « les journalistes seront obligés de travailler un peu plus ». Les salariés sont sonnés : « Nous sommes sous le choc », a déclaré Tonino Serafini, délégué syndical SUD. La rentrée de Libé s’annonce ainsi mouvementée. Hasard du calendrier, c’est aussi ce même jour que le comité d’entreprise du Monde a présenté sa priorité numérique à ses salariés (mais à effectifs constants). En mai dernier, ce projet avait valu à la direction la fronde des rédacteurs en chef du quotidien.

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