Tafta : Malmström jette le trouble

La commissaire européenne au Commerce défend les accords de libre-échange, alors qu’une journée d’action est prévue le 11 octobre.

Thierry Brun  • 9 octobre 2014 abonné·es

Suivie avec la plus grande attention par les opposants aux accords de libre-échange, l’audition devant le Parlement européen, le 29 septembre, de Cecilia Malmström, nouvelle commissaire européenne en charge du Commerce international, n’a en rien levé les doutes sur les intentions de la Commission européenne. La libérale Cecilia Malmström a cumulé les cafouillages, alors que la plateforme européenne Stop Tafta organise une journée d’action, le 11 octobre, contre trois traités négociés dans le secret : le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement entre l’Union européenne (UE) et les États-Unis (TTIP en anglais), l’accord économique et commercial global entre l’UE et le Canada (Ceta en anglais) et l’accord sur le commerce des services (Tisa en anglais).

Plus de 200 actions européennes étaient recensées lundi par le site officiel du collectif national unitaire Stop Tafta ^2. Cecilia Malmström a cependant douché les espérances des opposants concernant l’accord de libre-échange avec les États-Unis, lequel contient un dispositif sur le très contesté mécanisme privé de règlement des différends entre investisseurs et États (ISDS). La commissaire au Commerce international a, dans un premier temps, repris les réserves déjà formulées par Jean-Claude Juncker devant le Parlement européen : « Le chapitre ISDS est gelé » en attendant les résultats de la consultation menée par la Commission sur le sujet, a-t-elle déclaré. Puis elle a rectifié son propos lors de son audition devant les eurodéputés, assurant que « supprimer l’ISDS de l’accord avec le Canada ne serait pas une bonne idée », le Ceta étant « un très bon accord », malgré les réticences de l’Allemagne à le conclure avec une procédure d’arbitrage privé.

En présentant ses priorités aux députés, Cecilia Malmström a aussi jeté le trouble sur la procédure d’adoption des accords transatlantiques : la commissaire est restée ambiguë quant à l’adoption ou non de ces traités par les parlements nationaux des 28 États membres. Devant les eurodéputés, elle a cependant reconnu qu’il sera difficile de trouver une majorité au Parlement européen en ce qui concerne un éventuel accord de libre-échange avec les États-Unis. Mais elle n’a pas jugé « approprié » d’interrompre l’agenda de ces négociations commerciales qui se déroulent de façon si paque.

[^2]: www.collectifstoptafta.org

Pour aller plus loin…

Droit international : quand règne la loi du plus fort
Monde 9 juillet 2025 abonné·es

Droit international : quand règne la loi du plus fort

Les principes du droit international restent inscrits dans les traités et les discours. Mais partout dans le monde, ils s’amenuisent face aux logiques de puissance, d’occupation et d’abandon.
Par Maxime Sirvins
Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

Le droit international, outil de progrès ou de domination : des règles à double face

Depuis les traités de Westphalie, le droit international s’est construit comme un champ en apparence neutre et universel. Pourtant, son histoire est marquée par des dynamiques de pouvoir, d’exclusion et d’instrumentalisation politique. Derrière le vernis juridique, le droit international a trop souvent servi les intérêts des puissants.
Par Pierre Jacquemain
La déroute du droit international
Histoire 9 juillet 2025 abonné·es

La déroute du droit international

L’ensemble des normes et des règles qui régissent les relations entre les pays constitue un important référent pour les peuples. Mais cela n’a jamais été la garantie d’une justice irréprochable, ni autre chose qu’un rapport de force, à l’image du virage tyrannique des États-Unis.
Par Denis Sieffert
Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »
Entretien 2 juillet 2025 abonné·es

Yassin al-Haj Saleh : « Le régime syrien est tombé, mais notre révolution n’a pas triomphé »

L’intellectuel syrien est une figure de l’opposition au régime des Assad. Il a passé seize ans en prison sous Hafez Al-Assad et a pris part à la révolution en 2011. Il dresse un portrait sans concession des nouveaux hommes forts du gouvernement syrien et esquisse des pistes pour la Syrie de demain.
Par Hugo Lautissier