Changement climatique : « Sur quel levier agir désormais ? »
L’impuissance du sommet de Lima à faire progresser la lutte climatique incite la société civile à définir une stratégie indépendante de ces grands sommets onusiens, analyse Maxime Combes.
dans l’hebdo N° 1332-1334 Acheter ce numéro

© Abramovich / AFP
À un an du sommet de Paris, où pourrait être signé un accord planétaire sur la lutte climatique, les mouvements sociaux et les ONG, en nombre à Lima, veulent se donner les moyens de peser collectivement sur cette échéance, mais aussi sur toutes les politiques contribuant au dérèglement.
Le message d’alarme des organisations de la société civile est encore plus net qu’après l’échec du sommet de Copenhague en 2009…
Maxime Combes : Au sortir de Lima, on ne sait absolument pas où va la lutte climatique. L’ambition s’est dégradée tout au long de la conférence. L’objectif officiel était de préfigurer l’accord de Paris, mais, à la fin, il ne s’agissait que de sauver la face sans humilier le pays hôte par un échec total. Voilà le résultat de quinze jours d’intenses tractations… Lima clôt la courte période d’espérance suscitée par le récent accord signé entre la Chine et les États-Unis pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre, que les diplomates du climat avaient perçu comme un tournant dans les négociations internationales [^2]. Cependant, pour qu’il y ait déception profonde, il faudrait qu’il y ait eu de grandes attentes envers ce type de sommet : nous n’en avions pas.
Quelle attitude vos organisations doivent-elles adopter ?
Voyez-vous de nouvelles alliances au sein de la société civile ?
C’est une question à examiner rapidement. En France, tous les mouvements impliqués dans la lutte climatique sont rassemblés, depuis un an, au sein d’une Coalition Climat 21 (COP 21). Nous pourrions assister à des rapprochements avec les regroupements de collectivités locales et territoriales, de plus en plus impliquées, et que la conférence de Lima n’a même pas daigné évoquer. Les scientifiques prennent aussi une part grandissante au débat public, constatant l’absence d’effet entre leurs rapports, de plus en plus pressants, et l’engagement des politiques. Et pourquoi ne pas approcher certaines forces économiques, nombreuses à trouver un intérêt à se dissocier des groupes de pression pro-énergies fossiles, extrêmement actifs à Lima ?
[^2]: Voir Politis n° 1328, du 20 novembre.
[^3]: Tafta, en anglais.
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