Le jouet, 
objet politique

Un dossier sur les jouets pour… les fêtes de Noël. Dans la presse, on appelle cela un « marronnier » : traiter chaque année, à la même période, un sujet gentillet destiné à meubler une période creuse. Ce n’est pas le cas ici. Loin de considérer le jouet comme un objet mièvre ou anodin, nous avons voulu en souligner la forte charge politique. 
Pourquoi le jouet est-il éminemment politique ? Parce que ce qui se joue dans le jouet n’est autre que la transmission, d’une génération à une autre, de l’idée qu’une société se fait d’elle-même. Puisqu’il ne sert (apparemment) à rien, le jouet dit beaucoup. C’est un pur enchevêtrement de matière et de signes que nous mettons chaque jour entre les menottes (et parfois les quenottes) des êtres qui nous sont le plus cher. Comment pourrions-nous donc le prendre à la légère ?
Snobé par le monde académique français — d’où le peu de productions scientifiques sur le sujet –, le jouet n’en est pas moins un objet passionnant, quel que soit celui qui le regarde : l’enfant (d’abord), mais aussi l’éducateur, l’historien, le psychologue, le sociologue, le féministe, l’écologiste, l’économiste, le fabricant, l’ouvrier (qui le construit) ou l’actionnaire de Toy’s R Us… Par quelque bout qu’on le prenne, il raconte une histoire, la nôtre. Roland Barthes avait fait du « jouet français » une de ses « mythologies ». Il ne s’était évidemment pas trompé.