Double prise d’otages : un lourd bilan

La prise d’otage de la porte de Vincennes a fait cinq morts, dont le preneur d’otages, et quatre blessés. Les deux assassins qui ont opéré contre Charlie Hebdo ont été tués dans l’assaut à Dammartin-en-Goële.

Politis.fr  et  AFP  • 9 janvier 2015 abonné·es
Double prise d’otages : un lourd bilan

La traque des auteurs présumés de l’attentat contre Charlie Hebdo s’est achevée dans le sang vendredi: les deux frères Kouachi et un proche, qui se sont revendiqués d’Al-Qaïda et du groupe Etat islamique, ainsi que plusieurs otages ont été tués. Depuis l’attaque contre l’hebdomadaire satirique mercredi, qui a bouleversé le monde entier, le bilan total est de 20 morts.

Après plusieurs heures de confrontation , les policiers et gendarmes d’élite ont donné quasi-simultanément l’assaut à Dammartin-en-Goële, à une quarantaine de km de la capitale, où les frères Kouachi étaient retranchés depuis le matin dans une petite imprimerie avec un otage, et dans un supermarché casher de l’est parisien, où un homme lourdement armé lié à un des frères retenait une quinzaine de personnes.

Chérif et Saïd Kouachi , 32 et 34 ans, ont été tués lorsqu’ils sont sortis en tirant juste avant 17 heures. L’otage, qui a réussi à se mettre à l’abri, a été libéré indemne et un membre du GIGN blessé. A Paris, Amedy Coulibaly a été tué au terme d’un assaut contre le magasin « Hyper Cacher ». Quatre autres corps ont été retrouvés à l’intérieur et quatre personnes grièvement blessées. Ces victimes avaient été tuées, semble-t-il, dans une fusillade au début de la prise d’otages.

Amedy Coulibaly , délinquant multirécidiviste de 32 ans déjà condamné dans une affaire d’extrémisme islamiste, avait été reçu à l’Elysée par Nicolas Sarkozy avec d’autres jeunes en formation, le 15 juillet 2009 (Voir Le Parisien à l’époque, et aujourd’hui. Il aurait rencontré Chérif Kouachi l’année suivante en détention, où il s’est radicalisé. Né à Juvisy-sur-Orge (Essonne), il est également soupçonné d’être l’auteur d’une autre fusillade mortelle jeudi matin à Montrouge, en banlieue parisienne, dans laquelle une jeune policière municipale a été tuée et un employé blessé.

Dans des appels à BFMTV , Chérif Kouachi a affirmé avoir été envoyé par Al-Qaïda au Yémen et Amedy Coulibaly s’est revendiqué du groupe Etat islamique (EI, actif en Irak et Syrie) et a dit s’être « synchronisé » avec les Kouachi pour les attaques. Les deux hommes avaient été impliqués en 2010 dans l’enquête sur une tentative d’évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA), condamné pour l’attentat à la station RER Musée d’Orsay en 1995 à Paris. Kouachi avait bénéficié d’un non-lieu. Coulibaly avait été condamné à cinq ans de prison en décembre 2013, peine qu’il a achevé de purger en mai dernier compte tenu des remises de peine. Un avis de recherche a été lancé pour la compagne de Coulibaly, Hayat Boumeddiene, 26 ans, dont le sort n’était pas connu.

Les frères Kouachi , Français nés à Paris de parents algériens, étaient traqués depuis leur identification quelques heures après l’attentat contre Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts, le pire qu’a connu la France depuis plus d’un demi-siècle. Tous deux sont des jihadistes dont le nom était inscrit « depuis des années » sur la liste noire américaine du terrorisme, selon une source américaine. Chérif était bien connu des services français: surnommé Abou Issen, il avait fait partie de la « filière des Buttes-Chaumont » pour envoyer des jihadistes en Irak, où lui-même entendait se rendre en 2005 avant d’être interpellé. Il avait été condamné pour ces faits en 2008 à trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis. Saïd semblait plus discret. Mais selon plusieurs sources françaises et américaine, il s’était rendu au Yémen en 2011 pour s’entraîner avec Al-Qaïda au maniement des armes.

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