Mettre fin au harcèlement à l’école

La ministre Najat Vallaud-Belkacem engage un plan d’envergure contre ce fléau trop longtemps tabou, qui touche 700 000 élèves.

Olivier Doubre  • 12 février 2015 abonné·es

Près de 400 000 élèves, du CE2 à la terminale, victimes de « harcèlement sévère » et jusqu’à 700 000 si on inclut ceux victimes de « harcèlement modéré ». Sans oublier environ 4,5 % des collégiens qui subissent du cyber-harcèlement, jusque dans leur chambre via Internet et les réseaux sociaux. Ce sont là les récentes estimations du ministère de l’Éducation nationale, qui ont sans doute incité davantage Najat Vallaud-Belkacem à se saisir du sujet et à écrire directement une lettre à l’ensemble des enseignants et des personnels sous son autorité, lançant un plan d’ensemble anti-harcèlement dans les établissements scolaires.

Si, déjà, Luc Chatel avait alerté sur cette question, puis, avec encore plus de volonté d’agir, Luc Peillon, on peut saluer le caractère volontaire et global de cette action contre un fléau trop longtemps dénigré ou tabou à l’école. Des adolescents méprisés, voire maltraités, par leurs camarades en raison de leurs personnalités, leur orientation sexuelle (parfois supposée) ou des particularités physiques vont parfois jusqu’à accomplir des actes tragiques, tel le suicide. Le plan prévoit d’un côté un programme de formation des enseignants afin qu’ils puissent détecter le plus tôt possible les actes ou signes de harcèlement envers un élève, sensibiliser leurs classes à cette question et y mettre un terme. De l’autre, il s’agit de faire prendre conscience aux élèves de la véritable violence que constitue le harcèlement, notamment avec l’institution d’une journée spéciale contre le harcèlement relayée par les médias, la création d’un prix intitulé « Mobilisons-nous contre le harcèlement », mesures qui font suite à la mise en place d’une plate-forme téléphonique que plus de 3 000 parents, témoins et victimes, ont déjà contactée.

Ce plan ambitieux fait sans doute suite aux initiatives prises il y a déjà quelques années par l’association Cathode de Saint-Denis (93), qui avait réalisé un court métrage, montré depuis dans de nombreuses écoles, collèges et lycées [^2]. Enfin, France 2 diffusait mardi 10 février un documentaire poignant reposant sur le témoignage de six adolescents et de parents, montrant toute la violence et la gravité du phénomène. Dommage qu’il ne fut visible qu’à… 22 h 30, horaire quelque peu tardif pour les écoliers. Mais la ministre n’a sans doute que peu de prise sur les programmateurs de France Télévisions.

[^2]: Cf. sur ce point Politis n°1281, 12 déc. 2013.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

« J’arrêterai ma grève de la faim le jour où j’aurai un titre de séjour »
Entretien 19 novembre 2025

« J’arrêterai ma grève de la faim le jour où j’aurai un titre de séjour »

Nader Ayache, réalisateur tunisien, a entamé depuis 12 jours une grève de la faim pour réclamer un titre de séjour. À Politis, il témoigne de la nécessité de « mettre en lumière » son cas, « qui est un cas parmi les 140 000 OQTF délivrées chaque année » par la France.
Par Pauline Migevant
Prix des médicaments : refuser la prise d’otage de l’industrie pharmaceutique !
Sécurité sociale 19 novembre 2025

Prix des médicaments : refuser la prise d’otage de l’industrie pharmaceutique !

En défendant un amendement sur la transparence des prix des médicaments, le député écologiste Hendrik Davi dénonce le chantage de l’industrie pharmaceutique qui brandit la menace de quitter le marché français. Il appelle à restaurer un contrôle démocratique sur des coûts cachés colossaux.
Par Hendrik Davi
L’intelligence artificielle au cœur du contrôle migratoire en Europe
Europe 19 novembre 2025 abonné·es

L’intelligence artificielle au cœur du contrôle migratoire en Europe

En Europe, l’intelligence artificielle s’impose peu à peu dans la gestion des migrations pour prévoir les flux, vérifier un accent, un âge ou détecter une émotion. Un usage non sans danger pour les droits fondamentaux.
Par Julie Kermarrec
IGPN : la grande faillite du contrôle des policiers 
Violences policières 18 novembre 2025 abonné·es

IGPN : la grande faillite du contrôle des policiers 

Un rapport explosif de l’ONG Flagrant déni, publié ce mardi 18 novembre, met en lumière l’effondrement de la police des polices. Chiffres inédits à l’appui, le document démontre que le taux d’élucidation des violences policières a chuté de 25 % en huit ans alors que le nombre d’affaires est en augmentation.
Par Maxime Sirvins