Patrick Timsit : On ne peut pas rire tout le temps

Patrick Timsit convainc à moitié avec son spectacle sur les limites de l’humour.

Jean-Claude Renard  • 12 février 2015 abonné·es

C’était quelques jours après l’attentat meurtrier contre Charlie Hebdo. En plein débat sur la liberté d’expression, avec cette constance : jusqu’où peut-on aller ? Le leader de la publicité urbaine, JC Decaux, avait répondu, c’est un comble, en supprimant des colonnes Morris l’affiche du spectacle de Patrick Timsit, On ne peut pas rire de tout. Sur cette affiche, on voit l’humoriste tenir câlinement un obus. Encore fallait-il voir ce spectacle. Après quatre ans d’absence, Patrick Timsit revient donc sur scène, avec un texte coécrit avec Bruno Gaccio et Jean-François Halin (tous deux anciens des « Guignols »). Comme annoncé, Timsit s’amuse à décliner les rubriques délicates en termes. Ainsi des Noirs, des Arabes, des Roms, ou encore des enfants. Puis il cingle l’exil fiscal du producteur animateur Arthur, se moque des appétits sexuels de DSK, aligne les blagues antisémites.

Timsit fait parfois mouche, notamment sur l’espérance de vie entre la Résistance et la collaboration, sachant que Guy Môquet est mort à 17 ans, tandis que Maurice Papon a tiré sa révérence à l’âge de 96 ans. De quoi choisir son camp ! Timsit fait rire, mais plutôt sourire. Sans trop déranger. Sans doute parce que ses blagues, parfois efficaces, sont souvent convenues, faciles. Surtout parce qu’il semble ne pas tenir compte des attentats à Paris (sinon par un « Je suis Charlie » sur le rideau de fin). Certes, le spectacle a été écrit avant le 7 janvier, mais tout se passe comme si l’humoriste n’avait pas réajusté son texte. Il y avait pourtant matière. Même la censure de JC Decaux est évoquée à demi-mot. Patrick Timsit ne choque pas. Dans ce cas, le titre faisant allusion à la fameuse formule de Pierre Desproges tombe à plat.

Culture
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