Chômeurs, à la caisse !

L’Unedic ne semble pas pressée de régler le problème de la perte d’indemnités causée par le système des droits rechargeables.

Thierry Brun  • 12 mars 2015 abonné·es

Malgré une situation explosive [^2], trouver une solution au problème des « droits rechargeables », qui lèse des dizaines de milliers de chômeurs, n’est pas la priorité de l’Unedic, organisme gestionnaire de l’assurance chômage. Avec ce système mis en place en octobre 2014, lorsqu’un salarié perd son emploi, il doit épuiser ses anciens droits à indemnisation, s’il lui en reste, avant d’obtenir ses nouveaux droits. Il est donc pénalisé temporairement si ses anciens droits sont inférieurs aux nouveaux. L’écart représente un manque à gagner moyen d’environ 500 euros par mois, indique une note de l’Unedic.

Les permanences associatives et les collectifs locaux « sont submergés d’appels et de visites », témoigne la Coordination nationale des permanences d’accueil juridique contentieux. Les chômeurs victimes de cette mesure phare du gouvernement, adoptée dans la loi de sécurisation de l’emploi et introduite dans la nouvelle convention d’assurance chômage signée par la CFDT, FO et la CFTC, sont en effet nombreux. Alors que l’Unedic avait reconnu, dans une note datée de juin 2014, que « verser systématiquement le reliquat de droits plutôt que l’allocation la plus élevée se traduit par une baisse pour environ 500 000 allocataires », l’organisme vient de produire une «   note tronquée expliquant que 30 000 personnes sont concernées », dénonce Éric Aubin, secrétaire confédéral de la CGT. Les syndicats de salariés ont réclamé des chiffrages exhaustifs et demandé « des explications sur l’écart entre les 30 000 et les 500 000 allocataires victimes ». Par ailleurs, ils rappellent qu’ils avaient « alerté l’Unedic sur les conséquences des droits rechargeables dès les négociations sur la nouvelle convention », ajoute Éric Aubin.

De son côté, le Medef réclame une solution partielle et demande des économies supplémentaires pour conserver les « équilibres financiers » de l’accord national interprofessionnel du 22 mars 2014. « On veut créer un droit nouveau, mais on veut le faire payer par les demandeurs d’emploi. Il n’y a pas de compromis possible avec le Medef, qui ne veut pas mettre au pot », estime Éric Aubin. Reste aux chômeurs à espérer qu’une solution acceptable sorte des négociations entre syndicats et patronat, qui se poursuivront le 18 mars au Medef.

[^2]: Lire sur Politis.fr, « Pôle emploi : 500 000 victimes de leurs droits », 2 mars 2015.

Travail
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