Élections britanniques : où est la gauche ?
Dans une campagne largement dominée par l’économie, les travaillistes ont certes pris leurs distances avec le New Labour de Tony Blair, mais leur discours social demeure timide. Ils sont critiqués sur leur gauche par l’inattendu Scottish National Party. Correspondance à Londres, Emmanuel Sanséau.
dans l’hebdo N° 1351 Acheter ce numéro

En mai 2010, après trois mandats successifs, les travaillistes laissaient la place à la coalition conservatrice de David Cameron. Au moment de quitter son poste de secrétaire en chef du Trésor, où il avait officié pendant un an, Liam Byrne laissait une brève notule à son successeur conservateur : « Cher secrétaire en chef, je crains qu’il ne reste plus d’argent. Bien cordialement et bonne chance ! Liam. » La lettre aurait dû rester confinée dans les cercles de Westminster, mais cinq ans plus tard, élections obligent, David Cameron la récite à l’envi face aux caméras. Pain bénit pour la virulente éditocratie conservatrice, ces quelques lignes ont cristallisé l’image d’un parti dépensier, laxiste et passablement arrogant.
Voilà donc le cadre dans lequel Edward Miliband, chef des travaillistes, agite sa campagne électorale : la « responsabilité budgétaire », promesse sanctuarisée en première page de son programme, et qui en dit long sur ses ambitions. Davantage de lutte contre les inégalités sociales, oui. Moins d’injustice fiscale, oui. Mais à condition que « les comptes retournent à