Pollution de l’air en ile de France. Recherche désespérément automobilistes réduisant leur vitesse

Claude-Marie Vadrot  • 10 avril 2015
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Il suffit de se poster, pas trop long temps car ça fait tousser, le long du périphérique parisien, à n’importe quelle heure de la journée, pour constater que les automobilistes respectant les limitations de vitesse « imposées » par la pollution, se comptent sur les doigts de la main. Sauf embouteillage. Même constatation sur les tronçons d’autoroute quittant ou en entourant la capitale ou bien traversant l’Ile de France. Tous les conducteurs s’en foutent. C’est écrit sur de grands panneaux lumineux mais lorsqu’ils sont interviewés certains expliquent (faussement ?) candides qu’ils ne sont pas au courant. A se demander ce qu’ils regardent en conduisant…

Cela fait des années que les conseils de réduction de la vitesse liés à l’état de l’atmosphère ne sont ni respectés ni évidemment sanctionnés. Donc, qu’ils ne servent rigoureusement à rien. Ce qui n’empêche pas les préfets de police, de droite puis de gauche mais sous les ordres directs du ministre de l’Intérieur et (vaguement) de l’Ecologie de nous resservir régulièrement le même placebo qui ne change rien pour les poumons en particulier et notre santé en général. Parce que, ni la maire de Paris, ni le président, dans notre monarchie républicaine, ne disposent du pouvoir de décider des conditions de la circulation automobile. Un exemple ridicule : les préfets de police successifs s’opposent à des pistes cyclables sur les Champs-Elysées où la place ne manque pourtant pas…

Donc, comme le gouvernement redoute la circulation alternée ou des mesures encore plus contraignantes, il botte obstinément en touche. Sensibles aux pressions des excités de l’association 40 millions d’automobilistes et autres lobbies de la bagnole. En utilisant notamment le nouveau gimmick de Ségolène Royal : « Je ne veux pas d’écologie punitive » . Mais est-ce « punir » les Franciliens(ou les Lyonnais, les Lillois, les Marseillais et bien d’autres…) que de leur éviter des atteintes à leur santé ? On peut ajouter que tous les progrès en matière de protection de la nature et de lutte contre les pollutions ont été basés sur des interdictions et des réglementations.

En attendant que ces principes soient appliqués à la sainte voiture, et alors que la pollution est présente et augmente depuis plusieurs jours, le Préfet réunit des experts qui « causent » pour gagner du temps et un peu de popularité. Alors qu’il est permis de penser que les experts ils habitent à Airparif, l’organisme à la fois responsable des mesures et des prévisions de pollution en région parisienne. Alors, les « experts », plutôt que de conseiller la circulation alternée, ils ont trouvé deux mesures supposées régler les problèmes : interdire le brulage des déchets verts et agricoles et contraindre les poids lourds à contourner Paris. D’abord, ces « experts » ne doivent pas beaucoup fréquenter la campagne car ils sauraient qu’au printemps, on ne brule pas grand chose dans les champs. Ensuite, ce n’est pas parce qu’ils circulent à dix kilomètres de la capitale que les camions émettent moins de polluants de particules qui stagnent dans toute l’Ile de France. Ou bien les « experts » sont cons, ou bien ils nous prennent pour des cons.

En attendant la circulation alternée qui sera sans doute repoussée pour cause de week-end et de pusillanimité politique, il ne reste plus qu’à souhaiter une bonne bouffée de particules (fines) et d’azote à tous les participants du marathon de Paris qui vont tousser le 12 avril…

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