Cambadélis voit la vie en rose

Élu sans surprise, le patron du PS rêve d’une « grande alliance populaire » de centre gauche.

Michel Soudais  • 3 juin 2015 abonné·es
Cambadélis  voit la vie en rose
© Photo : AFP PHOTO / MATTHIEU ALEXANDRE

Le congrès du PS, qui s’achève ce week-end à Poitiers, sera calme. Après l’épisode du vote sur les motions, le 21 mai, l’élection au poste de premier secrétaire, le 28 mai, n’a été qu’une formalité. En obtenant un peu plus de 70 % des suffrages, Jean-Christophe Cambadélis obtient l’intronisation dont il rêvait – sa désignation à la tête du PS, l’an dernier, avait été entérinée par un simple vote du conseil national –, et Christian Paul, qui avait conduit la motion des « frondeurs », n’a pas élargi l’audience de sa motion.

Pour le patron du PS, ainsi confirmé à son poste, la « clarification politique » qu’attendaient les « frondeurs » et la gauche du parti est nette : « Le PS, à travers ce vote, s’est entièrement converti à la culture de gouvernement », a-t-il déclaré dans un entretien au Monde (31 mai). Satisfait, il y voit « une mutation importante ». En termes voilés, les contestataires sont priés de la mettre en sourdine. Une sommation relayée plus abruptement par Bruno Le Roux : « À partir du moment où une majorité se sera exprimée, a prévenu dimanche le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, il faudra en tenir compte et n’avoir plus qu’une seule voix, n’avoir plus qu’un seul vote. » Si la mutation idéologique du PS, qui était l’une des deux facettes du « renouveau socialiste » défendues par la motion majoritaire, est acquise, l’objectif de revivifier le parti, qui en constituait la seconde, est loin d’être atteint. Les adhérents ont été encore moins nombreux – 60 000 – à se mobiliser pour élire leur premier secrétaire que pour choisir entre les quatre motions en lice. Et surtout le PS, qui revendique 131 000 adhérents, en aurait perdu 40 000 depuis 2012. Jean-Christophe Cambadélis veut croire que ce reflux n’est que temporaire. Pour l’expliquer, il avance trois raisons. La première est d’ordre cyclique : les effectifs « se gonflent à la veille des élections présidentielles et se dégonflent après, quel que soit le résultat ». Pourtant, à l’automne 2008, au congrès de Reims, le PS comptait près de 232 000 adhérents… La seconde tient à l’indiscipline des « frondeurs » : c’est « le manque de cohésion du PS » qui aurait « fait fuir un certain nombre de militants ». Enfin, il concède que la politique du gouvernement, qu’il juge nécessaire, « a provoqué des interrogations ». Mais Jean-Christophe Cambadélis est convaincu que tout cela va s’arranger avec le retour de la présidentielle, du silence dans les rangs, et les résultats économiques qu’à l’unisson du gouvernement il juge bons.

Cet aveuglement ne doit toutefois pas être total pour que le patron des socialistes, à peine élu, se fixe pour objectif de « dépasser le PS et les partis [partenaires] par un mouvement de la base pour faire une grande alliance populaire ». Le mécano de la gauche plurielle rêve à nouveau de « recomposition ». Mais « l’union populaire » qu’il imagine constituer autour de « la modernisation économique, l’écologie sociale et la protection des minorités » paraît bien improbable. Emmanuelle Cosse, pour EELV, et les communistes ont déjà décliné sa proposition de coorganiser l’université d’été de La Rochelle. Restent peut-être le MRC et les Radicaux…

Politique
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