La nation est-elle ringarde ?

Censée disparaître dans l’intégration européenne et parfois vecteur de dérives identitaires, la nation n’en est pas moins un espace démocratique et opère un retour sur la scène.

Olivier Doubre  • 16 juillet 2015 abonné·es
La nation est-elle ringarde ?
© Photo : Gérard Cercles/AFP

Qu’en est-il de « la perte du pouvoir des États-nations » dans le cadre européen, comme s’en réjouissait Jacques Attali, en visionnaire semi-éclairé ? De plus en plus désuètes, considérées comme ringardes, les nations devaient progressivement s’effacer, tant l’intégration européenne semblait irréversible dans une ère de modernité post-nationale, garantie d’une paix durable et du dépassement serein du XXe siècle, qui a vu le Vieux Continent lacéré par les guerres. Mais voilà qu’un « petit » pays, à la périphérie de l’Union européenne, la Grèce, est venu rappeler l’existence de la souveraineté nationale. Et l’enjeu démocratique qu’elle signifie. Déjà, plusieurs référendums sur les traités européens au cours des années 2000 l’avaient montré, même si les gouvernants se sont débrouillés pour les effacer de fait.

Il ne s’agit pas d’ignorer que la nation comporte toujours le risque des replis identitaires, synonymes de rejet de l’autre. Ni que l’échelon national est inopérant pour agir sur des questions telles que le climat, les OGM, les flux migratoires ou l’optimisation fiscale des entreprises, qui se jouent des frontières, comme le rappelle ici Yannick Jadot. Il n’est pas rare, non plus, que les égoïsmes nationaux bloquent la recherche de l’intérêt général au sein des institutions supra-nationales. Mais appréhendées de façon ouverte et solidaire, elles doivent être pensées dans une articulation intelligente avec les autres échelons territoriaux. Et tant que l’Europe souffrira d’un déficit démocratique, les nations resteront des espaces de résistance ou de reconquête citoyenne.

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