Gaspillage alimentaire: des responsabilités largement partagées

Claude-Marie Vadrot  • 28 août 2015 abonné·es
Gaspillage alimentaire: des responsabilités largement partagées
© Photo: GARO / PHANIE

Les gaspillages alimentaires générés par les familles et par la grande distribution ne sont pas les seuls à peser sur les ressources énergétiques et agricoles. Le gaspillage des premières représente environ 5 millions de tonnes par an, soit une moyenne de 80 kilogrammes de nourriture par foyer partant chaque année à la poubelle. Les estimations des produits jetés par les grandes surfaces annoncent 2,3 millions de tonnes pas an, mais ce chiffre ne tient pas compte des aliments, frais ou préparés, considérés à juste titre comme inconsommables et qui se trouvent mélangés à ceux qui seraient récupérables. Un « détail » que les super et hypermarchés occultent soigneusement lorsqu’ils protestent de leur bonne foi et affirment donner déjà beaucoup aux associations spécialisées. Omettant au passage d’évoquer les opérations qu’ils autorisent plusieurs fois par an : permettre aux associations de solliciter les clients pour qu’ils fassent don d’une partie de leurs achats. Ce qui revient à contribuer, à chaque quête, aux bénéfices de la grande distribution !

Autre scandale rarement évoqué : le gaspillage dans les cantines scolaires. Parce que les élèves n’aiment pas, parce que leur éducation alimentaire est négligée, parce que la viande n’est pas halal, parce que certains plats ont voisiné avec du porc ou parce que les entreprises de restauration collective ne se préoccupent guère de la qualité et du goût, des millions de tonnes de bouffe finissent chaque année à la poubelle.

Un gaspillage encore plus ignoré et soigneusement dissimulé : celui qui résulte du tri des fruits et légumes « imparfaits » éliminés par les producteurs. Parce que la distribution, celle qui a inventé le concept du fruit ou du légume sans défaut – aucune petite tache ni aucune difformité, fût-elle légère –, refuse de les proposer à la vente. Alors que ni leur fraîcheur ni leur goût ne sont en cause. Avec deux conséquences. D’abord, cette exigence incite les agriculteurs à les « sur-traiter » (notamment pour les pommes, les pêches et les tomates) pour éviter les défauts. Ensuite, on estime qu’un tiers des fruits et des légumes produits en France (mais le système est le même dans toute l’Europe) est rejeté à la sortie de la production pour cause de non-conformité à l’aspect extérieur. Quand on sait que la production annuelle de tomates en France est de 550 000 tonnes, celle de pommes de 2 millions de tonnes, celle de pêches de 300 000 tonnes et celle de fraises de 46 000 tonnes et que le système s’applique à tous les fruits et légumes, il est facile d’évaluer les énormes quantités qui en sont jetées et détruites chaque année…

Société Écologie
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