« Comme un bruit qui court », sur France Inter : Un autre son de cloche

Porté par Charlotte Perry, Giv Anquetil et Antoine Chao, « Comme un bruit qui court » entame sa deuxième saison sur France Inter. Avec la même volonté de liberté.

Jean-Claude Renard  • 9 septembre 2015 abonné·es
« Comme un bruit qui court », sur France Inter : Un autre son de cloche
Comme un bruit qui court , chaque samedi, de 16 h 05 à 17 h, sur France Inter.
© Édouard Caupeil

Micro en main et Nagra en bandoulière, cet enregistreur chéri des puristes de la radio, compagnon de route et de reportage, voilà reparti un trio qui laisse entendre les voix de ceux qui « luttent ici et là-bas, de ceux qu’on n’entend pas, là où la colère gronde, où les alternatives se dessinent, où s’inventent les prémices d’un autre monde ». Telle se présente l’émission « Comme un bruit qui court », inaugurée à l’antenne de France Inter en août 2014. Au programme, des voyages, des enquêtes, des portraits, « du son dans tous les sens et surtout à contresens des maquignons de la pensée dominante ». Soit une heure de reportage « sur la brèche et sur les ondes pour allumer la mèche de nouveaux possibles ». C’est dit sans détours et cela donne le ton. Sur tous les fronts au cours de cette première saison : dans un hôpital francilien, à l’université Paris-Diderot, à Béziers, dans un village normand, un autre dans les Côtes-d’Armor, à Sivens, à Rungis, mais encore au Mexique, aux États-Unis, au Portugal, à Athènes ou à Madrid, avec Podemos…

Pour se mettre en jambes et pour ouvrir la saison 2, l’émission s’est tournée vers deux histoires « qui bougent et qui coincent », deux histoires qui s’inscrivent dans le temps « qui ne passe pas et qui grince ». La première, à Bure, est celle de déchets et de débats publics que beaucoup aimeraient enterrer « sous l’argile de la Meuse »  ; la seconde, outre-Atlantique, entre Miami et La Havane, est l’histoire de ceux qui « refusent d’enterrer la hache de guerre et qui s’agitent au micro de leur radio farouchement anticommuniste ». À suivre par un reportage sur les dames pipi en grève à Paris, une carte postale sonore et musicale du festival d’Uzeste. Ils sont donc trois à tenir ce rendez-vous hebdomadaire, Charlotte Perry, Giv Anquetil et Antoine Chao, auparavant reporters pour « Là-bas si j’y suis ». Un an après cette « turbulence radiophonique » parfaitement assumée, on savoure un premier bilan, celui « d’avoir fait ce qu’on voulait. On a eu une paix royale. On a même été encouragés ! », se félicite Giv Anquetil. « On a trouvé un ton et une forme, renchérit Antoine Chao, en faisant d’abord trois ou quatre sujets, avant de réduire la voilure pour gagner en profondeur et en qualité. Il s’agit de faire des choix chaque semaine. Quoi traiter, que raconter ? Ce n’est pas comme lorsqu’on travaillait sur une quotidienne. Maintenant, notre intention est de garder cette liberté d’aller où l’on veut, tantôt sur le fond, tantôt dans l’urgence, sachant qu’on a la garantie d’avoir les mêmes conditions de travail pour cette deuxième saison, avec un budget reconduit. »

Justement, cette première saison aura été marquée par un mois de grève, pendant laquelle l’équipe n’a pas diffusé d’émission. « Cette grève a montré à quel point, solidaire, le personnel de Radio France est attaché à une certaine qualité de fabrication et de contenu avec les moyens nécessaires. C’est plutôt un bon signe. » Autre motif de satisfaction, côté antenne, poursuit Antoine Chao, « c’est l’impression qu’en cette rentrée la direction met en avant le reportage [« Un jour en France », animé par Bruno Duvic, tous les jours à 10 heures en est un exemple, NDLR]. Ça tombe bien puisqu’on a anticipé cette nouvelle option il y a un an ! On est ravi de faire partie de cette dynamique, de faire plus de reportages, plus de diversité sociale, de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas toujours ». Sans tomber dans le parisianisme. C’est l’une des marques de fabrique de l’émission, qui refuse « le journalisme de bureau, avec ses mêmes contacts, dans ses beaux quartiers. Mais on n’est pas les seuls, souligne Charlotte Perry, il existe tout un front de titres avec des journalistes engagés sur le terrain. Continuer d’apporter un autre son de cloche, c’est d’ailleurs la teneur des messages de soutien que l’on reçoit de nos auditeurs. » Des auditeurs qui auront facilement l’occasion de croiser le trio ce week-end, puisque l’équipe conduira en direct son émission depuis la Fête de l’Humanité, au studio de Radio France. Au menu, une série de plateaux et de courts reportages sur les réfugiés, les solidarités et l’alimentation.

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