Démangeaison du foutagedegueulemus

Il est où, l’ombrageux humaniste du Quai d’Orsay, quand M. Hollande se précipite à Riyad ?

Sébastien Fontenelle  • 7 octobre 2015 abonné·es

Entendons-nous bien, Sébastien [^2] : je n’ai, pour le dire posément, aucune espèce de sympathie pour le sinistre M. Assad – non plus d’ailleurs que pour M. Poutine. Note bien : aucune. Chuis comme toi : ces mecs-là me glacent les sangs. Mais je t’avoue que, pour autant, et sans que ce soit contradictoire, quand je lis, ces temps-ci, les commentaires que suscite l’intervention des Russes en Syrie – et quand je découvre, au détour de son évocation, certaines infos –, je suis quand même pris de furieuses démangeaisons au niveau du foutagedegueulemus [^3].

Pas plus tard que tout à l’heure, rexemple, j’ai lu dans le Monde que certains groupes de « rebelles [^4] » syriens légèrement râpeux de la beubar – si j’ai bien compris, les mecs seraient juste un peu à droite d’Al-Qaida – ont été armés and entraînés par, devine qui ? Notre vieil ami l’Oncle Sam et sa CIA : les mêmes fins stratèges, en somme, qui ont distribué jadis des flingues et des conseillers à tout ce qui, dans l’Afghanistan des années 1980, pouvait œuvrer à la confection de pâtés de Soviétiques – et qui se sont juste après mordu les parties basses (comme on dit justement à Damas) d’avoir trop négligé que le jeune Oussama qu’ils avaient ainsi nanti de très performants missiles sol-air était finalement peu versé dans la reconnaissance éternelle, holy shit, Meredith, n’aurions-nous pas un peu merdé ? Puis j’ai lu, dans le même numéro du Monde, une interview de M. Fabius, ministre françousque and « socialiste » des Affaires étrangères, qui déclare notamment que ça le fait bien chier que les Russes assistent Assad, parce que, pour lui, il n’est absolument « pas question de couvrir le sauvetage d’un dictateur », ah ça non, bordel.

Et là, mon irritation est directement passée, je ne te le cache pas, de DEFCON 2 à LHDR (longs hurlements de rage) 1, parce que, dis-moi un peu : il est où, Laurent le magnifique, quand son gouvernement et le chef y afférent – M. Hollande, donc – se gargarisent d’avoir vendu quelques bourriches de chasseurs-bombardiers made in cheux nous, puis aussi des frégates (initialement destinées à M. Poutine), à M. Sissi, chef de l’État égyptien, qui n’est pas exactement le meilleur champion qui se puisse trouver de la défense des droits humains ? Et quand le même M. Hollande se précipite à Riyad pour dispenser de rieuses accolades à des adeptes revendiqués de la décapitation – et autres atrocités –, il est où, l’ombrageux humaniste du quai d’Orsay ? Il décrète qu’il n’est pas-question-de-couvrir-ça, ou il se tient coi ? Je te laisse répondre : je viens de décider que je m’énerverai plus jusqu’à mercredi.

[^2]: Oooooh, mais queeeeel magnifique prénom tu as !

[^3]: Cette glande, située non loin du pancréas, est – je le rappelle pour si t’aurais trop séché les cours de sciences nat – celle qui se met à vibrer quand un(e) éditocrate ou une éminence « socialiste » (liste non exhaustive) te prend très ostensiblement pour un(e) débile mental(e).

[^4]: Comme dit la terminologie officielle de la presse dominante.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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