Parutions de la semaine

Politis  • 21 octobre 2015 abonné·es

Dictionnaire de l’historien

Pas de grands hommes, ni de dates, ni d’événements mis en avant. Ce dictionnaire, aussi atypique que passionnant, donne à connaître les outils et les concepts de la discipline historique, au moment où celle-ci « tend à se vulgariser et à se confondre trop souvent avec la mémoire », d’une part, et où les autres sciences sociales « parlent volontiers d’une “crise de l’histoire” », d’autre part. D’une entrée à l’autre, d’« anecdote » à « éthique de l’historien », de « culture-monde » à « témoignage » ou « temps », le lecteur découvre ainsi les coulisses et l’évolution du « métier d’historien », selon le mot de Marc Bloch, expliquées par quelques-uns de ses spécialistes contemporains.

Claude Gauvard et Jean-François Sirinelli (dir.), PUF, « Quadrige », 798 p., 39 euros.

Les Usages de la coutume

Traditions et résistances populaires en Angleterre (XVIIe-XIXe siècles)

On se souvient de la Formation de la classe ouvrière anglaise, magistral exemple d’une histoire par le bas de la révolution industrielle en Grande-Bretagne. Suite ou complément de ce dernier, ce volume d’Edward P. Thompson, historien engagé resté aux marges de l’Université et figure du socialisme humaniste, rassemble ses principaux articles retraçant les luttes du petit peuple britannique pour conserver ses droits et sa place. Où la défense de ses coutumes apparaît alors le principal moyen de s’opposer aux bouleversements induits par l’arrivée du capitalisme et, plus largement, à la société libérale naissante. Un ouvrage majeur sur la capacité d’agir et de résister des classes populaires, en proie à une violence de classe détruisant tous leurs repères collectifs, culturels, temporels, intimes ou moraux…

Edward P. Thompson, traduit de l’anglais par Jean Boutier et Arundhati Virmani, EHESS/Gallimard/Seuil, 704 p. (32 p. d’illustrations), 30 euros.

Après le colonialisme

Les conséquences culturelles de la globalisation

Que recouvre l’idée d’ère postcoloniale ? Comment penser notre monde globalisé (et inégalitaire), en particulier hors de l’Occident, dans l’après-colonialisme ? Anthropologue d’origine indienne, professeur à l’université de New York, Arjun Appadurai s’essaie à penser la mondialisation en termes culturels dans une optique postcoloniale, à partir du concept d’ « imaginaire » cher à Cornélius Castoriadis et des réflexions gramsciennes sur « la relation entre hégémonie et subalternité ». Un ouvrage, dans la lignée des travaux d’Edward Saïd ou de Stuart Hall, qui remet en cause la grille de lecture occidentale fondée sur l’État-nation.

Arjun Appadurai, traduit de l’anglais par Françoise Bouillot, préface de Marc Abélès, Payot, 336 p., 9,20 euros.

Idées
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

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Entretien 29 octobre 2025 libéré

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Spécialiste du mouvement ouvrier français et du communisme, l’historien est un fin connaisseur des divisions qui lacèrent les gauches françaises. Il s’émeut du rejet ostracisant qui les frappe aujourd’hui, notamment leur aile la plus radicale, et propose des voies alternatives pour reprendre l’initiative et retrouver l’espoir. Et contrer l’extrême droite.
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Si la droite et l’extrême droite ont toujours été proches, le phénomène nouveau des dernières années est moins la normalisation de l’extrême droite que la diabolisation de la gauche, qui se nourrit d’une crise des institutions.
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Face aux clichés médiatiques et au mépris académique, une génération d’intellectuel·les issu·es des quartiers populaires a pris la parole et la plume. Leurs travaux, ancrés dans le vécu, mêlent sciences sociales, luttes et récits intimes. Ils rappellent que depuis le terrain des quartiers on produit du savoir, on écrit, on lutte.
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Depuis 2015, le code civil français reconnaît les animaux comme des êtres vivants doués de sensibilité. Une évolution en lien avec une prise de conscience dans la société mais qui soulève des enjeux éthiques, philosophiques et juridiques fondamentaux.
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