De la colère à la résignation

Dix ans après les émeutes, Raphaële Benisty est retournée à Clichy et à La Courneuve.

Jean-Claude Renard  • 4 novembre 2015 abonné·es

Le tribunal correctionnel s’apprête à donner son verdict. Aux premiers bancs, les familles de Zyed et de Bouna, les adolescents morts dans un transformateur EDF le 27 octobre 2005 à Clichy-sous-Bois, font face à une meute de photographes. Les policiers sont relaxés. Il y a dix ans, le drame avait embrasé les quartiers populaires dans la France entière.

Aujourd’hui, face caméra, quelques-uns de ces émeutiers, à Clichy-sous-Bois et dans la cité des 4 000, à La Courneuve, donnent à entendre la voix de leur génération. Ils ont la trentaine et sont désormais en charge de l’avenir de leur quartier, éducateurs là où ils ont grandi. « Est-ce que le chômage a baissé ?, s’interrogent-ils. Non ! Est-ce que le contexte social a évolué ? Non ! » Pour l’un d’entre eux, qui était au Pôle information jeunesse de La Courneuve, « on sentait une jeunesse désespérée, en colère ». Ce n’est qu’un préambule, dans ce documentaire de Raphaële Benisty, qui prend le temps de filmer les conversations, toujours entre bilan et perspectives. Des perspectives ? Oui, parce que les initiatives ne manquent pas. Qui pour ouvrir un resto, un commerce, qui pour une formation, des animations culturelles. Un documentaire heureux ? Sûrement pas ! De la colère passée à la résignation présente. La réalisatrice touche juste, sans pathos, dans un va-et-vient dynamique entre hier et aujourd’hui.

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