Rêves de ZAD (« À flux détendu »)

Au sujet de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, on a tout entendu, mais pas tout vu. Comme ce que montre l’excellent documentaire de Vincent Lapize : *le Dernier Continent* .

Christophe Kantcheff  • 11 novembre 2015
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Rêves de ZAD (« À flux détendu »)

Au sujet de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, on a tout entendu. Par exemple, qu’ « on se croirait à Damas ou alors à Mossoul ». Je vous assure que quelqu’un a dit ça. Un Vendéen du Puy-du-Fada, porte-pétoire de De Villiers, un certain Retailleau (dit « taïaut, taïaut, taïaut ! »), sénateur et président LR du conseil général de Vendée. On a tout entendu, mais pas tout vu. Comme ce que montre l’excellent documentaire que consacre Vincent Lapize aux zadistes de Loire-Atlantique, le Dernier Continent (1 h 17). Un film en immersion mais pas « embedded », encore moins militant. L’argumentaire théorique de l’opposition au projet d’aéroport n’est pas son sujet. Le Dernier Continent s’intéresse avant tout aux acteurs de la lutte. Un peu à la manière de Christian Rouaud, dans Tous au Larzac, mais sur le vif, sans le recul du temps. On y pense, bien sûr, au Larzac, notamment à cause de la relation indispensable que les zadistes ont dû établir avec les habitants, essentiellement des paysans. Après avoir appris à se connaître, la confiance s’est instaurée, et avec elle sont venues l’entraide et la solidarité. Le Dernier Continent s’attache ainsi aux modalités d’existence de ce combat. Où l’on voit que l’échange doit être permanent, pour la prise de décisions en commun, toujours âpre quand les idéaux sont forts. Mais aussi pour évaluer ce que l’on est en train de faire. Car les zadistes font beaucoup : ils cultivent, élaborent, fabriquent, ne cessent de travailler. La ZAD ressemble à un grand chantier aléatoire et inventif, hors système avec une visée d’autonomie, où des utopies se projettent dans des constructions. Chaque zadiste s’y sent utile, inscrit dans une chaîne nécessaire d’activité quand, à l’extérieur, dans leur famille, ils peuvent être regardés avec incompréhension. Le Dernier Continent montre le rêve d’une vie autre, avec toutes ses incertitudes, prendre corps. Et c’est passionnant.

Culture
Temps de lecture : 2 minutes
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