Des canons à neige par milliers pour faire oublier le réchauffement climatique

Claude-Marie Vadrot  • 18 décembre 2015
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Des milliers de canons à neige ont commencé à entrer en action dans les stations de montagne pour tenter de dissimuler les conséquences du dérèglement climatique qui touche la plupart des pistes de ski françaises : il n’y a pas de neige ou bien peu dans la moyenne montagne. Et il n’y en aura probablement peu ou pas du tout pendant les vacances de fin d’années. Non seulement il n’a pas neigé mais les précipitations neigeuses manqueront de plus en plus pour cause de changement climatique en cours.

Tout en feignant d’ignorer ou de nier les menaces provoquées par le réchauffement et les modifications du régime des précipitations, alors qu’elles sont annoncées depuis des années par les climatologues, les responsables des stations ont accumulé les canons à neige destinés à masquer la situation. Poussés par les revendications des commerçants et autres hôteliers qui exploitent à la fois les amateurs de sport de neige et les travailleurs précaires mal payés et logés dans des abris précaires.

Les canons qui produisent « la neige de culture » (l’expression neige artificielle est bannie depuis des années…) sont au moins 6000 installés sur le domaine skiable français. Chiffre approximatif et sous-évalué car les associations professionnelles se refusent à donner des précisions. Mais il suffit de savoir, par exemple, qu’il en existe 1500 dans les stations de Miribel et de l’Alpe d’Huez pour mesurer le caractère de plus en plus artificiel et dangereux pour l’environnement de « l’industrie » des sports d’hiver. Prés de 30 % des pistes sont actuellement équipées.

Il y a d’abord les nuisances sonores qui dérangent toute la faune et évidemment les habitants proches des engins. La faune et la flore et ce qui reste des zones marécageuses de montagne, sont aussi mises en danger de deux façons : d’abord pendant les travaux d’installation et ensuite par le creusement des barrages et des retenues d’eau. D’autre part, parce que toutes les installations doivent être grillagées pour éviter que des touristes tombent dans ces lacs artificiels aux pentes abruptes ou approchent des canons en fonctionnement. Ces barrières de grillage sur quelques milliers d’hectares de montagne, interdisent à une partie de la faune de se déplacer librement pendant toute l’année. Enfin les 30 millions de mètres cubes d’eau utilisés chaque saison manquent aux torrents à des périodes où ils sont à l’étiage.

On ajoutera que la mince couche de neige artificielle déposée sur les pistes et leurs abords, n’enfouissent pas suffisamment les pierres et les rochers. Ce qui rend plus dangereuses la pratique du ski…

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