Un vigneron bio relaxé : il avait refusé d’utiliser un insecticide

Chloé Dubois (collectif Focus)  • 17 décembre 2015 abonné·es
Un vigneron bio relaxé : il avait refusé d’utiliser un insecticide
© Photo : AFP / PHILIPPE DESMAZES Thibault Liger-Belair dans son vignoble, le 29 avril 2015

Thibault Liger-Belair, viticulteur bio, a été relaxé le 15 décembre par le tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône, dans le Rhône. Libéré pour vice de forme, ce producteur de vin était poursuivi par l’État depuis trois ans, pour avoir refusé de traiter ses vignes avec des substances toxiques. En 2013, face à la progression de la flavescence dorée en Saône-et-Loire – une maladie propagée par la cicadelle (un insecte) – un arrêté préfectoral avait contraint l’ensemble des viticulteurs du département à lutter contre la maladie à coup d’insecticide, ce à quoi ne s’était pas résolu Thibault Liger-Belair

L’abandon des poursuites – pour « refus d’effectuer les mesures de protection des végétaux » – a été sollicité par le parquet, suite à une erreur de rédaction constatée dans l’assignation, selon le procureur. Les vignes bio de Thibault Liger-Belair sont en effet étalées sur deux départements, la Saône-et-Loire – où le traitement était obligatoire – et le Rhône. Lors de ce procès, le viticulteur qui a refusé de se soumettre au diktat de l’arrêté par conviction, voulait également dénoncer une « aberration administrative » , son terrain étant à cheval avec le Rhône, où aucune mesure n’avait été exigée. De plus, le tribunal a considéré nul cet arrêté préfectoral puisqu’il n’a pas été validé par Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture.

Lire > Pesticides : Du poison par arrêté préfectoral

Lors de l’audience, une trentaine d’écologistes sont venus soutenir Thibault Liger-Belair, qui s’est dit « optimiste », même si une nouvelle citation à comparaître peut être prononcée. Les militants ont d’ailleurs accroché « Ubu Roi s’invite à la COP21. L’État continue de juger les citoyens qui refusent de polluer la planète » aux grilles du tribunal, soulignant la farce que représentait cette audience.

Cette relaxe s’ajoute à celle d’Emmanuel Giboulot, un vigneron condamné pour les mêmes faits, puis relaxé par la cour d’appel de Dijon, le 4 décembre 2014. Si ces deux relaxes sont encourageantes, elles démontrent toutefois que l’État peut aisément citer à comparaître les agriculteurs bio soucieux de la préservation des sols et de leur santé.

Lire > Cancers des agriculteurs, la fin d’un tabou

Écologie Santé
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